Zurich (awp) - ABB s'offre l'unité Industrial Solutions de General Electric (GE) pour 2,6 mrd USD, soit près de l'équivalent des 2,7 mrd USD de chiffre d'affaires dégagés par le département du mastodonte américain en 2016. Le groupe zurichois suspend dans la foulée le programme de rachat d'actions portant sur jusqu'à 3 mrd USD annoncé en octobre de l'année dernière.

La multinationale suisse met ainsi fin aux rumeurs parues dans la presse spécialisée ces derniers mois, qui articulaient pour ce rachat un montant de 2,5 à 3,0 mrd USD. Les analystes accueillent conséquemment sans surprise une opération attendue, pour un montant raisonnable, mais qui va peser temporairement sur la rentabilité.

Sise à Atlanta, la cible d'acquisition emploie quelque 13'500 collaborateurs.

RENTABILITÉ À REDRESSER

Industrial Solutions sera intégré au sein du département Electrification Products (EP). La direction maintient son objectif de ramener la rentabilité brute d'EP dans un couloir de 15 à 19% à l'horizon 2020, malgré l'impact initialement négatif de l'intégration d'Industrial Solutions. La marge brute d'exploitation (Ebitda) s'est établie en 2016 à environ 8% et la marge Ebita à environ 6%.

La finalisation de l'acquisition est agendée au 1er semestre de l'année prochaine, moyennant l'obtention des autorisations d'usage. GE Industrial Solutions doit apporter une contribution au bénéfice par action du conglomérat industriel dès le premier exercice comptable.

Le géant des techniques énergétiques et d'automation compte dégager avec cette transaction des synergies annuelles de quelque 120 mio USD d'ici trois ans et de 200 mio USD d'ici cinq ans. Les deux sociétés ont par ailleurs conclu un partenariat d'approvisionnement à long terme.

"Nous renforçons avec GE Industrial Solutions notre position de numéro deux mondial dans le domaine de l'électrification", s'est félicité Ulrich Spiesshofer, le patron d'ABB en conférence téléphonique. ABB s'est par ailleurs assuré des droits sur la marque GE à long terme. L'équipe dirigeante sera maintenue en place. Les frais d'intégration sont devisés à 400 mio USD.

TRANSACTIONS EN NUMÉRAIRE

ABB dispose des réserves nécessaires pour financer en liquide les 2,6 mrd USD convenus pour l'acquisition de GE Industrial Solutions, a assuré le directeur financier (CFO) Timo Ihamuotila. Il a dans la foulée exclu une augmentation de capital à cette fin, articulant un niveau de liquidités à fin juin de 5,9 mrd, pour un endettement net de 1,9 mrd USD.

L'envergure d'éventuelles nouvelles acquisitions dépendra plus des capacités de gestion du conglomérat que de son assise financière, a pour sa part précisé M. Spiesshofer, qui n'anticipe conséquemment pas de gros rachats mais n'exclut pas non plus des reprises complémentaires.

Dans l'immédiat, la direction mettra l'accent sur une amélioration de la rentabilité d'Industrial Solutions. M. Spiesshofer a d'ailleurs déjà esquissé des pistes pour ce faire, comprenant outre un remaniement de la palette de produits une "optimisation" de l'outil de production. Le grand patron s'est refusé à préciser l'impact de telles mesures, sur le nombre de sites de production comme sur celui des employés.

DU PAIN SUR LA PLANCHE

Vontobel souligne que le prix convenu traduit la faible rentabilité de ces activités. La suspension du programme de rachat d'action doit permettre au groupe zurichois de conserver sa note de crédit "A", anticipe la banque privée.

Industrial Solutions n'est visiblement pas au sommet de sa forme et le prix à payer n'est à cet égard pas véritablement bon marché, juge pour sa part la Banque cantonale de Zurich (ZKB). ABB aura du travail pour remettre à flot ces activités, prédit l'établissement zurichois.

Morgan Stanley suppute que de longues tractations auront été nécessaires pour parvenir à un résultat que le géant bancaire américain juge "raisonnable".

A la Bourse, l'action ABB a terminé stable à 23,93 CHF, dans un SMI en progression minime de 0,04%.

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