Au quatrième trimestre, le résultat net des activités du premier groupe pharmaceutique français a accusé un recul de 10,8% à 1.332 millions, un chiffre inférieur au consensus Reuters/Inquiry Financial (1.459 millions), en raison notamment d'une charge de 87 millions d'euros liée au vaccin Dengvaxia, au coeur d'une controverse sanitaire aux Philippines.

A 14h28, le titre perd 2,09% à 66,11 euros, accusant ainsi la plus forte baisse de l'indice CAC 40 (+0,76%). Plus tôt dans la séance, il est passé sous la barre des 66 euros pour la première fois depuis février 2013 - à l'exception du 24 juin 2016 où les marchés avaient chuté au lendemain du référendum sur le Brexit.

Pour 2018, Sanofi vise une progression de son bénéfice net par action des activités comprise entre 2% et 5% à taux de change constants contre un recul de 0,4% en 2017, à la faveur notamment de l'apport de plusieurs acquisitions importantes annoncées récemment. Lors d'une conférence de presse, le directeur financier, Jérôme Contamine, n'a pas voulu donner d'objectif hors acquisitions.

L'effet des changes sur le BNPA est estimé par le groupe entre -3% et -4% en appliquant à 2018 les taux de change moyens de décembre 2017. Toutefois, notent plusieurs analystes, l'euro s'est encore renforcé face au dollar depuis janvier - il se traite actuellement autour de 1,237 dollar - ce qui laisse craindre des effets de changes négatifs plus importants que ceux prévus par le groupe cette année.

Selon le groupe pharmaceutique, la réforme fiscale aux Etats-Unis devrait lui permettre de ramener son taux d'imposition effectif à environ 22% contre 23,5% en 2017, ce qui aura un impact favorable sur ses résultats.

"Une partie (...) de la guidance 2018 s'explique par la fiscalité", observe un trader.

SANOFI DIT RESTER TRÈS ENGAGÉ SUR LE VACCIN CONTRE LA DENGUE

Le groupe a annoncé le mois dernier l'achat de la biotech américaine Bioverativ pour 11,6 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) et du belge Ablynx pour 3,9 milliards d'euros.

Ces deux opérations lui ont permis de renouer avec succès avec une politique d'acquisition marquée par plusieurs échecs cinglants depuis le rachat en 2011 du groupe américain Genzyme pour quelque 20 milliards de dollars.

Le rachat de ces deux sociétés va permettre à Sanofi de se renforcer sur le créneau des maladies rares alors que ses activités dans le diabète continuent d'être pénalisées par la concurrence des génériques, en particulier aux Etats-Unis, le premier marché pharmaceutique mondial.

Au quatrième trimestre, l'activité "diabète et cardiovasculaire" de Sanofi a accusé ainsi un recul de 19,1% à taux de change et périmètre constants.

La provision sur le Dengvaxia intervient alors que Sanofi a annoncé en novembre dernier que ce vaccin - le premier au monde contre la dengue - pouvait aggraver les effets de cette maladie sur des personnes qui n'ont jamais été infectées auparavant.

Les autorités judiciaires philippines ont engagé lundi des poursuites contre le groupe pour réclamer une compensation financière pour les parents d'une fillette de dix ans, décédée après avoir reçu le Dengvaxia.

"Nous sommes évidemment très préoccupés par la question du Dengvaxia. Mais nous n'avons constaté aucune réaction similaire à celle des Philippines dans le reste du monde", a déclaré Olivier Brandicourt, directeur général de Sanofi, soulignant que le groupe restait très engagé dans ce programme.

"Nous sommes préoccupés par l'insistance avec laquelle un lien est fait entre le décès de certains enfants et le vaccin, alors qu'il n'y aucune preuve de cela", a-t-il observé.

Le Dengvaxia a été autorisé dans près de 20 pays. Il est actuellement examiné par les autorités sanitaires européennes.

(Avec la contribution de Sudip Kar-Gupta, Marc Angrand et Blandine Henault, édité par Benoît Van Overstraeten)

par Matthias Blamont et Jean-Michel Belot

Valeurs citées dans l'article : Sanofi, Ablynx, Bioverativ Inc