ABN Amro flanche de 7,04% à 7,576 euros après avoir annoncé une série de mauvaises nouvelles : suspension du dividende, hausse du coût du risque et pertes au premier trimestre. La communication de la banque néerlandaise est un bon résumé de ce qui attend prochainement les autres banques européennes, hormis les pertes qui devraient être remplacées par une dégradation des résultats. D'où le nouveau coup de déprime du secteur ce matin, notamment à Paris où BNP Paribas (-4,33%) et Crédit Agricole (-4%) figurent parmi les principaux replis du CAC 40.

ABN Amro a annoncé avoir pris note de la recommandation de la Banque centrale européenne aux établissements sous sa surveillance de conserver leur capital, de s'abstenir de verser des dividendes et de procéder à des rachats d'actions jusqu'au 1er octobre 2020 au moins, afin de soutenir l'économie dans un contexte d'incertitude accrue causée par Covid-19.

Elle a décidé de maintenir la proposition initiale de distribution du dividende pour l'exercice 2019 mais de conditionner le paiement effectif à la réévaluation de la situation une fois que les incertitudes causées par Covid-19 auront disparu (et, dans tous les cas, pas avant le 1er octobre 2020). En outre, ABN Amro ne versera pas d'acompte sur dividende en août 2020.

La banque néerlandaise a pris cette décision alors même qu'elle affiche l'un des meilleurs ratios de solvabilité du secteur. Elle affiche un ratio de fonds propres durs de 18,1% en fin d'année 2019.

L'annonce de ce matin met la pression sur les autres banques européennes affichant des ratios de solvabilité plus faibles pour qu'elle suive son exemple. Sa concurrente domestique, ING, a aussi annoncé la suspension de son coupon.

La banque néerlandais a également averti qu'elle enregistrera une perte au premier trimestre. Elle reflètera la perte nette de 200 millions de dollars sur l'un de ses clients américains, pris au piège de la forte volatilité des marchés. ABN Amro avait averti les marchés à ce propos la semaine dernière.

ABN Amro a ajouté aujourd'hui qu'elle anticipe aussi à ce que son coût du risque (provisions passées pour faire face au risque de non-remboursement de crédits) au premier trimestre et en 2020, soit sensiblement plus élevé que la fourchette du coût du risque sur l'ensemble du cycle, qui est de 25 à 30 points de base. Ses concurrentes européennes seront également confrontées au même problème.

Valeurs citées dans l'article : ABN AMRO Bank N.V., BNP Paribas, Crédit Agricole