par Gwénaëlle Barzic et Mathieu Rosemain

A 11h25, l'action de Publicis accusait la plus forte baisse du CAC 40, dégringolant de 7,27% à 54,06 euros, emportant dans son sillage le numéro un mondial du secteur WPP (-3,445%).

Le troisième groupe publicitaire mondial a accusé sur la période une baisse de 2,1% à périmètre et changes constants de ses revenus, qui ont atteint 2,2 milliards d'euros.

Le marché anticipait une hausse de 1,1% après la progression de 1,6% enregistrée au premier trimestre, selon un consensus de marché cité par des analystes.

"On ne s'attendait pas à ce trou d'air", a déclaré à des journalistes le président du directoire Arthur Sadoun, à la barre du groupe français depuis un peu plus d'un an.

Publicis a toutefois amélioré son taux de marge opérationnelle sur les six premiers mois de l'année et confirmé ses prévisions de progression de sa croissance organique et de sa marge pour 2018.

Cette rechute du groupe français, sur la voie du redressement après avoir souffert de la perte de gros budgets, alimente la défiance des investisseurs, déjà échaudés par les résultats publiés mardi par le numéro deux mondial Omnicom.

Premier à publier ses comptes du deuxième trimestre, l'américain a été châtié en Bourse avec une chute de près de 10% de son titre après avoir annoncé une croissance organique honorable de 2% mais inférieure aux attentes du marché.

"Même si les raisons de la baisse de la croissance organique au T2 sont en partie expliquées, ces chiffres viennent après ceux d’Omnicom qui avaient déjà constitué une déception", commentent les analystes d'Invest Securities dans une note.

"Comme l’année dernière à la même époque, des interrogations vont revenir sur la pérennité du modèle économique des groupes de communication".

Publicis dit avoir principalement subi la contre-performance d'une branche méconnue de sa division santé, Publicis Health Solutions, qui fournit des visiteurs médicaux.

DÉFIANCE

Héritée d'une acquisition dans les années 2000, cette activité volatile des visiteurs médicaux, à faible marge et périphérique par rapport au coeur de métier du publicitaire, a pénalisé les revenus de la division santé à hauteur de 30 millions d'euros au premier semestre.

L'activité fait l'objet d'une revue stratégique, a indiqué Arthur Sadoun, qui a également évoqué l'impact de la mise en oeuvre du règlement européen sur la protection des données.

"Chacun des contrats que l'on a avec les éditeurs a été revu au prisme du GDPR. Cela prend du temps, cela coûte de l'argent et cela a créé des délais", a expliqué le dirigeant, tout en soulignant qu'il s'agissait d'un contretemps temporaire qui ne se répétera pas au deuxième semestre.

Le groupe publicitaire a toutefois amélioré son taux de marge opérationnelle de 60 points de base à 14,3% en réduisant ses coûts et en privilégiant les contrats aux marges attractives.

"Nous sommes en ligne pour délivrer l'augmentation de la croissance et de la marge en 2018", a déclaré le président du directoire, évoquant entre autres la série de contrats remportés par le groupe depuis le début de l'année, qui devraient se voir dans les chiffres au second semestre.

Face à une nouvelle donne marquée par la double concurrence des GAFA et des sociétés de conseil, Publicis compte poursuivre la mise en oeuvre de sa transformation dont la pertinence est avérée selon lui par la croissance de 27% enregistrée sur le semestre sur les nouvelles offres centrées sur la data et le conseil en transformation numérique.

"Nous sommes sûrs d'avoir le bon modèle. Et en même temps, nous avons encore 90% de notre business sur lesquels il faut qu'on fasse des progrès. Donc on n'en est vraiment qu'au début", a expliqué Arthur Sadoun, qui a promis aux investisseurs une trajectoire d'accélération de la croissance sur trois ans.

(Edité par Benjamin Mallet)

par Gwénaëlle Barzic et Mathieu Rosemain