par Gwénaëlle Barzic et Cyril Altmeyer

Le groupe hôtelier a révélé début juin son intérêt pour un rachat de tout ou partie des 14,3% de l'Etat français, apportant un élément de complexité supplémentaire dans l'une des plus graves crises traversées par Air France-KLM depuis le départ de son PDG Jean-Marc Janaillac à la suite de l'échec d'un référendum sur les salaires chez Air France.

"Le processus de recrutement devrait être finalisé dans les prochaines semaines, permettant une mise en place effective de la nouvelle gouvernance en septembre", lit-on dans le courrier au personnel d'Anne-Marie Couderc, présidente non exécutive par intérim du groupe, daté de vendredi.

Le comité de nomination de trois membres d'Air France-KLM piloté par la présidente non exécutive Anne-Marie Couderc a dû renoncer à nommer le directeur financier de Veolia face à l'opposition de ses principaux actionnaires, dont l'Etat qui souhaite un spécialiste de l'aérien.

"Le conseil d’administration fin juin avait demandé au comité de nomination et de gouvernance d’élargir la liste des candidats examinés, en y ajoutant des profils internationaux venant du monde aérien", ajoute le courrier.

Le groupe, qui estime que le processus était très bien avancé à la mi-juin a été ralenti depuis "par des perturbations externes regrettables et négatives" pour le groupe.

"Ces perturbations sont liées pour certaines à la manière dont le groupe AccorHotels manifeste son intérêt capitalistique pour le Groupe Air France-KLM", souligne Anne-Marie Couderc.

AccorHotels s'est refusé à tout commentaire.

Mais le tour de table d'AccorHotels pourrait compliquer les choses. Ses trois premiers actionnaires sont chinois, qatari et saoudien, au moment même où Air France-KLM dénonce le manque de fair play des compagnies du Golfe dans la concurrence.

"Le capital d’Accor aujourd’hui n’est pas suffisamment européen pour que ça puisse fonctionner", déclarait récemment une source proche des discussions.

La législation européenne nécessite également que plus de la moitié du capital d'une compagnie européenne soit détenue par des Etats membres ou des ressortissants de l'Union européenne.

Selon une information récente de BFM Business, AccorHotels souhaiterait que leurs programmes de fidélité soient considérés comme ayant la même valeur dans le cadre d'un regroupement, tandis qu'Air France-KLM estime que le sien, Flying Blue, vaut bien plus que Le Club AccorHotels.

"AGITATION MÉDIATIQUE"

Anne-Marie Couderc dénonce aussi "l'agitation médiatique alimentée par les nombreuses rumeurs autour de 'candidats potentiels' ou 'supposés'", notant que la PDG de la RATP Catherine Guillouard, citée dans la presse parmi d'autres, n’a jamais été candidate et ainsi n'a pas pris part au processus.

Dans une lettre envoyée début juillet à Anne-Marie Couderc, que Reuters s'est procurée, Philippe Capron, directeur financier de Veolia, dont la candidature a échoué, livrait une analyse similaire.

"Je n’ai pas besoin de vous dire que ce processus avorté et dévoyé m’a laissé un sentiment de gâchis et de frustration. Il a fait perdre du temps à une entreprise qui n’en avait pas à perdre", écrivait-il.

L'intersyndicale d'Air France, à l'origine de grèves qui ont coûté plus de 300 millions d'euros à la compagnie depuis le début de l'année pour obtenir des augmentations de salaires, a réaffirmé "sa détermination à obtenir satisfaction".

"Tout nouveau plan stratégique ne saurait être discuté ni recevoir l’aval des salariés et de l’intersyndicale Air France tant que cette revendication restera insatisfaite", lit-on dans tract récent.

A 15h58, l'action Air France-KLM s'adjugeait 0,7% à 7,22 euros, accusant toutefois un recul de près de 47% depuis le début de l'année.

(Avec Dominique Vidalon, édité par Jean-Michel Bélot)

par Gwénaëlle Barzic et Cyril Altmeyer