Paris (awp/afp) - Sans surprise, le géant de l'hôtellerie Accor a fait état mercredi d'une activité laminée, en début d'année, par la pandémie de coronavirus qui l'a contraint à fermer les deux tiers de ses 5.000 hôtels dans le monde.

De janvier à mars, le chiffre d'affaires du sixième groupe hôtelier mondial, qui possède des enseignes comme Ibis, Sofitel, Novotel, Mercure ou Pullman, s'est élevé à 768 millions d'euros, accusant une chute de 17% qui reflète la "situation inédite" créée par la crise sanitaire qui a fait plus de 177.000 morts dans le monde, a souligné son PDG Sébastien Bazin.

"Au jour où nous parlons, nous avons 92 pays sur 110 dans lesquels nous sommes présents, qui sont aujourd'hui confinés, près des deux tiers de nos hôtels sont aujourd'hui fermés dans notre réseau mondial", a-t-il rappelé lors d'une conférence de presse téléphonique.

"Et dans ces endroits il n'y a aucune libre circulation des personnes, aucun voyage d'affaires et bien sûr pas d'essor du tourisme, qui sont les trois conditions nécessaires à la bonne marche de notre métier", a complété le PDG d'Accor.

Cette "détérioration brutale de l'environnement, liée à la propagation à l'échelle mondiale de l'épidémie de Covid-19", dit le groupe dans un communiqué, frappe donc tous les continents, avec de légers décalages temporels, selon la date à laquelle est intervenu le confinement.

Cela se traduit par un revenu par chambre (RevPAR), l'indicateur phare du secteur, qui dévisse globalement de 25,4%: il recule plus fortement en Asie-Pacifique (-33,7%) où a débuté l'épidémie, et cède -23,2% en Europe et -22,2% en Amérique du Nord.

Dans la région Afrique & Moyen-Orient, le RevPAR baisse de -21,4%, tandis qu'en Amérique du sud, où le virus est arrivé plus tardivement, il ne cède que 11,2%.

La reprise prendra "un certain temps"

Le principal pôle d'activité, HôtelServices, qui exploite sous contrat de franchise et de management les hôtels du groupe, voit son chiffre d'affaires diminuer de 16,3% à 540 millions d'euros, tandis que celui des Actifs hôteliers a baissé de 20,4% à 206 millions d'euros.

Plus marginales, les Nouvelles Activités (conciergerie...) ont perdu 13,3% à 32 millions d'euros, toujours sur les trois premiers mois de l'année.

La situation devrait encore se dégrader "dans les 60 prochains jours", a prévenu M Bazin, l'activité étant quasi au point mort dans un parc aux deux tiers fermé.

Toutefois, "le groupe a la capacité d'absorber les conséquences économiques et de liquidité de cette crise", a-t-il assuré, grâce aux "plus de 2 milliards d'euros de liquidités immédiates" dont il dispose du fait de la cession de 65% de son pôle immobilier AccorInvest.

Interrogé sur les perspectives de reprise pour le tourisme mondial dans les mois à venir, le PDG d'Accor a déclaré: "le comportement de nos clients va profondément changer (...) pour peu que la mémoire ne soit pas trop courte et trop sélective".

"Parce qu'on a pu dire ça après les attentats terroristes du 11 septembre 2001 aux États-Unis ou du Bataclan en France (en 2015) et on s'est aperçu que neuf à douze mois après, les gens étaient revenus à leurs habitudes d'avant", a-t-il relevé.

"Est-ce vrai aujourd'hui? je n'en sais rien (...) mais nous, hôteliers, avons l'obligation de nous réinventer et nous remettre en cause".

En outre, le remboursement des aides versées par les États aux entreprises dans de nombreux pays "aura nécessairement un impact sur la croissance mondiale" et celle des différents pays, "et par corollaire, sur celle des industries, y compris le tourisme". La reprise prendra donc "un certain temps", a-t-il admis. "Mais ce n'est pas grave, on s'y prépare".

Malgré ces difficultés, le groupe a ouvert 58 hôtels au premier trimestre, ce qui porte son parc à 5.085 hôtels à fin mars.

afp/rp