Zurich (awp) - Adecco a essuyé au premier trimestre une contraction marquée de sa rentabilité, en dépit d'une progression de son chiffre d'affaires. Le spécialiste du placement temporaire confirme ses ambitions à moyen terme. Des signes de ralentissement inquiètent les analystes.

Le bénéfice net a chuté de 10% en comparaison annuelle, à 144 mio EUR. Excédent brut d'exploitation (Ebita) et Ebit ont fondu de 4% chacun, à respectivement 228 et 219 mio EUR. La marge Ebita s'est érodée comme prévu par la direction de 30 points de base à 4,3%, en raison de l'"effet pascal": les fériés afférents tombant cette année sur le premier trimestre au lieu du second en 2015, selon le compte-rendu publié mardi.

Les revenus ont progressé de 5% à 5,33 mrd EUR, principalement de manière organique. Le bénéfice brut s'est enrobé de 4% à 1,01 mrd EUR.

À l'exception du chiffre d'affaires et du bénéfice brut, marginalement supérieurs aux attentes, la performance s'inscrit dans le bas des projections des analystes consultés par AWP. L'Ebita était anticipé à 235 mio EUR et le bénéfice net à 151 mio EUR.

SOLIDE PROGRESSION EN FRANCE

En France, la croissance organique a atteint 7% pour un chiffre d'affaires de 1,11 mrd EUR. "Je compte sur une poursuite de l'évolution positive, même si elle ne devrait pas dépasser les 10%", a indiqué le directeur général (CEO) Alain Dehaze en entretien téléphonique avec AWP.

Avec 22% des revenus, l'Amérique du Nord demeure le principal débouché du groupe. Les revenus y ont marginalement progressé de 1% à 1,15 mrd EUR. La stagnation en Amérique du Nord s'explique selon le patron par les turbulences qui secouent les producteurs d'hydrocarbures et ont réduit à néant les progrès réalisés dans d'autres secteurs.

La contribution britannique est restée stable à 545 mio EUR et celles de l'Allemagne, de l'Autriche et de la Suisse cumulées s'est étiolée de 2% à 509 mio EUR. En Allemagne, c'est l'embauche en fixe d'équipes entières de temporaires dans l'industrie automobile qui a freiné l'évolution des revenus, a souligné M. Dehaze

Benelux et Pays nordiques ont apporté 436 mio CHF, en hausse de 5%. La performance d'Adecco en Italie a bondi de 9% à 319 mio EUR, tout comme dans la Péninsule ibérique à 220 mio EUR. Les revenus engrangés au Japon ont enflé de 2% à 300 mio EUR.

RALENTISSEMENT AU TOURNANT DU TRIMESTRE

Sur l'ensemble de l'exercice, la direction maintient son objectif de croissance au moins égale à celle de ses principaux concurrents sur chacun de ses principaux marchés. La marge Ebita doit être améliorée dans une fourchette de 4,5 à 5% et la conversion du flux de trésorerie opérationnel doit s'établir au delà de 90%.

Le groupe prévient toutefois que la croissance organique ajustée a ralenti à 3% sur les mois de mars et d'avril cumulés.

Dans l'ensemble, la direction s'estime en bonne voie pour concrétiser ses ambitions à moyen terme. "Nous avons dépassé un concurrent sur le front de la croissance organique et réduit l'écart avec les autres", a assuré M. Dehaze.

En matière de rentabilité, la marge Ebita ajustée des frais non récurrents dans l'informatique et du nombre de jours ouvrés se serait établie dans la fourchette de 4,5 à 5,0%, a pour sa part calculé le directeur financier (CFO) Hans Ploos van Amstel.

L'acquisition du concurrent britannique Penna Consulting, annoncée en mars et pour un montant alors devisé à 105 mio GBP (147 mio CHF au cours du jour) doit être finalisée dans la journée.

PERFORMANCE SOLIDE, PERSPECTIVES INQUIÉTANTES

La croissance s'est avérée plus conséquente qu'escompté dans l'Hexagone et en Amérique du Nord, salue Helvea Baader dans un commentaire matinal. Le courtier genevois reconduit la recommandation "buy", assortie d'un objectif de cours de 75 CHF.

Vontobel attribue aux effets de change la réalisation d'une performance quelque peu supérieure à ses attentes. La banque privée perçoit de potentielles pressions sur les marges en Allemagne et en France notamment. La recommandation "hold" est maintenue, comme l'objectif de cours de 70 CHF.

Berenberg conserve également une attitude neutre sur le titre, maintenant l'objectif de cours à 62,00 CHF. La banque d'investissement allemande souligne le ralentissement de la croissance organique sur les mois de mars et avril, comparé à janvier et février.

Cette perte de dynamique inquiète également la Deutsche Bank, qui prédit un tassement des activités de placement et de recrutement sur l'ensemble de l'année. L'établissement d'outre-Rhin campe sur la recommandation "sell", assortie d'un objectif de cours à 50 CHF.

À 10h30, la nominative Adecco cédait 3,3% à 59,80 CHF, à contre-courant d'un SMI en hausse de 1,33%.

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