Le prix proposé de 41 dollars par action ordinaire et 82 dollars par certificat de dépôt (ADS, American depositary share) représente une prime de 47% par rapport au cours de Bourse d'AAA avant de premières informations de presse, le 27 septembre, sur un intérêt supposé du groupe suisse.

L'ADS, qui valait 16 dollars quand AAA est entré en Bourse de New York il y a deux ans, a clôturé vendredi à 72,91 dollars.

Novartis a précisé qu'il financerait par de la dette le rachat d'AAA, qui développe, produit et commercialise des produits thérapeutiques et diagnostiques dans le domaine de la médecine nucléaire moléculaire (MNM).

Avec cette opération, le géant bâlois, premier fabricant mondial de médicaments de prescription, espère non seulement créer des images fonctionnelles des organes et des lésions, mais également traiter des maladies comme le cancer.

Le médicament phare d'AAA, le Lutathera, utilisé dans le traitement des tumeurs neuroendocriniennes gastro-entéro-pancréatiques, a obtenu en septembre l'aval des autorités européennes.

"Novartis a une forte expertise dans le développement et la commercialisation des traitements des tumeurs neuroendocriniennes pour lesquelles il existe encore un besoin élevé", déclare dans un communiqué Bruno Stirgini, directeur de la division Novartis Oncologie.

"Avec le Lutathera, nous pouvons renforcer cette expertise en développant la portée mondiale de l'approche de ce nouveau traitement."

Une autorisation pour le Lutathera a également été soumise à la FDA (Food and Drug Administration) aux Etats-Unis.

"Nous estimons que les ventes du Lutathera pourraient atteindre un pic de 2 milliards de dollars", écrit Bruno Balic, analyste chez Baader Helvea.

De leur côté, les analystes de Vontobel notent que le prix de 3,9 milliards de dollars "semble élevé", au vu du modeste chiffre d'affaires de 78 millions de dollars que la société a réalisé au premier semestre 2017.

Dans un communiqué séparé, le directeur général et fondateur d'AAA, Stefano Bueno, a indiqué que sa société était favorable à l'initiative de Novartis, non seulement pour soutenir le lancement du Lutathera mais également pour accélérer le développement d'autres traitements.

"Nous pensons qu'associer notre expertise (...) à l'expérience et aux infrastructures de Novartis dans le secteur de l'oncologie offre à nos patients, à nos chercheurs et à nos employés, les meilleures perspectives", affirme-t-il.

AAA, qui a été scindée du CERN (Organisation européenne pour la recherche nucléaire) il y a 15 ans, a réalisé une perte nette des opérations poursuivies de 24,2 millions de dollars au premier semestre.

Le rachat d'AAA par Novartis pourrait rapporter à Stefano Buono, qui en détient 11%, plus de 420 millions de dollars.

La société compte parmi ses autres principaux actionnaires Fidelity (9,1%) et HBM Healthcare Investments.

Le titre Novartis, qui baissait dans les premiers échanges sur le marché suisse, s'est retourné à la hausse. Il gagnait 0,31% à 81,3 francs vers 10h45 GMT, à comparer à un recul de 0,16% pour l'indice SMI.

(John Miller, Véronique Tison et Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français)