Alphavalue - En ayant remboursé ses 4,1Mds€ à l’État néerlandais en juin 2011, Aegon est à nouveau libre de mouvement.
Les exigences de la Commission Européenne peuvent en fait l’avoir aidée à construire un groupe plus simple et moins risqué à travers la cession d’actifs non-stratégiques (TransAmerica Re aux États-Unis ou diverses activités aux Pays-Bas et au Royaume-Uni) et un programme de restructuration drastique en général. Une ligne de revenu solide (des primes attendues en hausse de 3% pour l’exercice 2011) et des objectifs financiers pour 2015 récemment confirmés apportent une confiance accrue en la solidité de la croissance du chiffre d’affaires à long terme.

Aegon semble également être en voie de modifier son mix produit en réduisant la part des activités basées sur les spreads, et en augmentant la part de celles à commissions qui offriraient notamment des marges plus élevées. Sa forte part de marché aux États-Unis, et particulièrement dans l’activité Variable Annuities, est probablement une de ses meilleures cartes à jouer, largement grâce à un savoir-faire de couverture de ces produits très « volatils ». Les actionnaires d’Aegon doivent faire l’hypothèse que l’ingénierie financière caractéristique des variables annuities est un peu moins « boite noire » que par le passé. Actuellement Aegon remet à plat les prix de ses produits Vie en général (moins de coûteuses promesses en d’autres termes), ce qui pourrait avoir un impact négatif à court terme. Cela pour préparer un futur où les taux d’intérêt pourraient être plus faibles. Les programmes de réduction des coûts ont également porté leurs fruits et devraient contribuer à la solidité des résultats. En revanche, l’assureur hollandais ne pourra certainement pas éviter des pertes en juste valeur (environ 400m€ au cours des 9 premiers mois de l’année 2011) et des dépréciations (environ 300m€ sur la même période) pénalisantes comme ses pairs dans des conditions de marché actuellement difficiles.

Avec des capitaux propres solides (26Mds€ de marges de solvabilité, 18Mds€ de fonds propres ; une capitalisation boursière de 7,5Mds€) et une faible exposition aux PIIGS, Aegon semble clairement être moins le quasi dérivé risqué du marché américain qu’elle ne l’a été auparavant dans l’esprit des investisseurs. Un signal fort envoyé aux marchés a été le retour de la distribution de dividende (0,10€ par action en 2011) qui implique un rendement désormais plus raisonnable autour de 5% (mais toujours 70pb inférieurs à ses pairs…). Avec un P/E (4,58x contre 6,85x) et un P/Book (0,37 contre 0,76x) faibles, Aegon doit encore être redécouverte comme un assureur vie transformé. En dépit d’une solide performance de +26% depuis le début de l’année, elle offre encore un potentiel de hausse de 34% sans activités à problème mais avec une exposition significative aux épargnants américains et une exposition insignifiante à la crise européenne. Avec une valorisation représentant 37% de la valeur comptable de ses fonds propres, cela vaut la peine d’y jeter un œil.