Le projet de loi "Pacte" (Plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises), présenté en juin, permet le transfert au secteur privé d’une majorité du capital d'ADP, dont l'Etat détient 50,6%.

Augustin de Romanet s'est félicité du maintien dans ce projet du système de "double caisse" qui permet aux aéroports de subventionner leurs activités aéronautiques par des activités autres (commerces, parkings...).

"L’intérêt de la loi c’est qu’elle est confirmée, on met ça dans le marbre", a-t-il dit à des journalistes à l'issue d'une conférence de presse à l'occasion de la présentation des résultats semestriels du groupe.

L'Association internationale du transport aérien (Iata) a défendu de son côté fin juin le principe de la "caisse unique", qui permet aux aéroports d'utiliser les bénéfices tirés des activités extra-aéronautiques pour minorer les taux des redevances aéronautiques directement à la charge des compagnies.

L'Etat français est contraint d'arbitrer entre les intérêts d'ADP et son premier client, Air France-KLM, dont il détient 14,3% et qui peine à rester rentable face à la concurrence accrue, la cherté du pétrole et la crise sociale à Air France.

Le projet de loi limite aussi à 70 ans la licence d'exploitation des aéroports parisiens, au terme de laquelle l’Etat retrouvera la pleine propriété du foncier et des infrastructures.

L'Iata juge cette durée trop longue, estimant qu'elle empêche toute flexibilité et introduit une notion de risque dont le coût sera supporté par les passagers et les compagnies aériennes, nuisant ainsi à la compétitivité économique de la France.

UN TAXIWAY OU UN HÔTEL

La réunion de l’exploitation et du foncier est maintenue, ce qui permettra au gestionnaire de gérer de façon optimale l'aménagement, a estimé Augustin de Romanet, prenant en exemple l'hypothèse de la construction d'un "taxiway" (voie de circulation des avions) sur l'emplacement d'un hôtel.

"Si vous êtes propriétaire du foncier, vous pouvez décider de raser l’hôtel" en indemnisant son exploitant, a-t-il expliqué.

"A contrario, si un jour vous avez un taxiway qui ne sert plus à rien, vous pouvez très bien décider de le supprimer et de faire un hôtel à la place", a-t-il poursuivi. "C’est cette flexibilité qui est précieuse dans l’exploitation d’une superficie aussi importante que Charles-de-Gaulle."

Il a jugé cette disposition "indispensable", puisque la loi conditionne toute cession de foncier d'ADP à l'autorisation de l'Etat.

"C’est une bonne opération, en tous cas ça peut être une bonne opération si le texte ne sort pas en lambeaux au Parlement", a dit Augustin de Romanet lors de la conférence de presse.

"Le texte tel qu’il est là aujourd’hui est équilibré dans la mesure où il prévoit un certain nombre de pouvoirs de l’Etat pour le maintien des missions de services publics", a-t-il ajouté.

La valorisation dans le cadre d'une possible privatisation dépendra de l'estimation de son patrimoine foncier, du cadre réglementaire choisi et de l'évaluation du potentiel à moyen terme des aéroports parisiens, déclaraient en juin à Reuters une source à l'Elysée ainsi que des gérants et des analystes.

(Edité par Dominique Rodriguez)

par Cyril Altmeyer