par Gwénaëlle Barzic et Leigh Thomas

AIX-EN-PROVENCE, 8 juillet (Reuters) - La Caisse des dépôts (CDC) étudiera l'opportunité de prendre une participation dans ADP si le gouvernement décidait de céder la participation de l'Etat dans l'opérateur aéroportuaire, a déclaré samedi à Reuters son directeur général.

Le nouvel exécutif a affiché son intention de procéder à des cessions de participations non stratégiques dans des entreprises à partir de septembre, afin d'alimenter un fonds destiné à financer l'innovation.

La privatisation partielle ou totale du propriétaire des aéroports parisiens de Roissy et Orly est un des premiers dossiers de "l'Etat actionnaire" que pourraient trancher le chef de l'Etat, Emmanuel Macron, et le gouvernement, ont dit plusieurs sources à Reuters.

"Paris, s'il est mis en vente, je vais regarder avec intérêt. Cela dépend du TRI (taux de retour sur investissement). On n'a pas le droit d'y aller à perte", a expliqué le directeur général, Pierre-René Lemas, à Reuters, en marge des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence.

La CDC est devenue en 2016 actionnaire de l'aéroport régional de Lyon Saint-Exupéry dans le cadre d'un consortium avec Vinci et Predica, après des candidatures non fructueuses pour la privatisation de ceux de Toulouse et Nice.

La part de 50,63% de l'Etat au capital d'ADP, gérée par l'Agence des participations de l'Etat (APE), vaut près de sept milliards d'euros au cours actuel.

Il faudrait cependant une loi de privatisation pour autoriser l'Etat à descendre sous le seuil des 50%.

Le produit des cessions doit permettre d'abonder un fonds dédié à l'innovation et doté de 10 milliards d'euros, l'une des promesses de campagne d'Emmanuel Macron.

Pierre-René Lemas explique avoir proposé que la banque publique d'investissement BPIfrance, détenue à parts égales par la CDC et l'Etat, assume la gestion de cette enveloppe.

La CDC est par ailleurs prête à accompagner le projet du gouvernement de mobiliser 50 milliards d'euros d'investissement sur un certain nombre de grands secteurs, a-t-il dit.

Interrogé sur le rôle éventuel de la BPI, un porte-parole du ministre de l'Economie et des Finances a dit que les modalités du fonds dédié à l'innovation n'avaient pas encore été arrêtées.

Pierre-René Lemas, ancien secrétaire général de l'Elysée sous la présidence de François Hollande, a été nommé en 2014 à la tête de la CDC.

Agé de 66 ans, il souhaite aller au terme de son mandat en 2019, bien qu'il atteigne l'âge de la retraite au titre du corps préfectoral dont il est issu.

La décision revient au président de la République Emmanuel Macron. L'Elysée n'a pas souhaité faire de commentaire. (Avec Michel Rose, édité par Emmanuel Jarry)

Valeurs citées dans l'article : Aéroports de Paris, Vinci