"C'est à ce moment-là, et sur la base de ce rapport, que le gouvernement décidera d'y aller ou non", a ajouté une des sources.

Selon l'une de ces sources, l'Etat pourrait espérer récolter entre 600 et 800 millions d'euros s'il venait à céder 30% du capital auprès d'un opérateur de contenu, de casino, une loterie étrangère, ou plusieurs d'entre eux réunis en consortium. Le scénario d'une introduction en Bourse est également toujours sur la table, ont ajouté les deux sources.

Aucun commentaire n'a pu être obtenu dans l'immédiat auprès de BNP et du cabinet Weil, Gotshal & Manges LLP. Un porte-parole de Bercy et un porte-parole de FDJ ont pour leur part tous deux refusé de faire un commentaire.

L'héritière de la Loterie nationale créée en 1933, elle-même inspirée de la loterie des "Gueules cassées" qui venait en aide aux soldats défigurés de la Première Guerre mondiale, est contrôlée à 72% par l'Etat français.

Quatrième loterie mondiale et numéro deux européenne derrière l'italienne Lottomatica, elle affiche des ventes annuelles de plus de 14 milliards d'euros et revendique 26 millions de joueurs. Les ventes 2017 de FDJ doivent être publiées le 25 janvier.

UNE MYRIADE D'ACTEURS

Cependant, rien n'est encore joué: une privatisation partielle avait déjà été évoquée en 2009 au moment de la libéralisation du marché des jeux en ligne, mais le projet avait fait long feu.

Le dossier FDJ est particulièrement compliqué car il implique une myriade d'acteurs: les actionnaires historiques (Union des blessés de la face et de la tête, fédération Maginot, actionnaires à 13,4%), les partenaires européens sur l'EuroMillions, le réseau de distribution des buralistes (également actionnaires) et leur ministère de tutelle, l'Intérieur, ou celui des relais presse qui dépendent eux du ministère de la Culture.

Sans oublier le ministère de l'Action et des Comptes publics - l'Etat encaisse 22% de toutes les mises ainsi que de substantiels dividendes - le ministère des Sports, FDJ étant la première source de financement des activités sportives en France, ou encore les 2.100 salariés du groupe qui redoutent les implications de la privatisation partielle d'une société qui pèse plus de la moitié des jeux d'argent en France.

Le gouvernement entend céder pour dix milliards d'euros du portefeuille de l'Etat actionnaire pour alimenter un fonds d'investissement dédié à l'industrie et à l'innovation.

La vente éventuelle de participations de l'Etat dans le capital d'ADP, FDJ ou Engie nécessitant une révision du cadre législatif actuel, la loi "Pacte" sur les entreprises examinée au printemps prochain par le Parlement comportera un volet permettant d'engager ces cessions.

(Avec Matthieu Protard et Gwénaëlle Barzic, édité par Jean-Michel Bélot)

par Gilles Guillaume et Maya Nikolaeva

Valeurs citées dans l'article : Engie, Aéroports de Paris