Zurich (awp) - Aevis Victoria, après avoir terminé l'année dernière la rénovation de ses cliniques et adapté son réseau hôtelier, vise désormais le secteur de la télémédecine qui recèle des opportunités de croissance. Le groupe a confirmé vendredi ses objectifs et compte renforcer encore son réseau de cliniques privées en Suisse.

Le groupe de cliniques privées et d'hôtels de luxe a vu l'année dernière sa rentabilité flancher sous le coup de charges financières et une baisse importante des tarifs hospitaliers pour un montant total de 4,9 mio CHF.

Le bénéfice net s'est ainsi contracté de 34,5% à 3,8 mio CHF en 2015. Le résultat brut d'exploitation (Ebitda) s'est légèrement replié de 0,8% à 64,5 mio, tandis que le bénéfice opérationnel (Ebit) a baissé de 13,9% à 23,9 mio, a précisé Aevis Victoria dans son rapport annuel. Les marges se sont respectivement repliées de 0,8 point à 12,6% et de 1 point à 4,7%.

Le chiffre d'affaires net s'est par contre amélioré de 5,2% à 510,2 mio sur l'exercice écoulé. Les actionnaires se verront proposer une rémunération inchangée de 0,55 CHF par titre.

Les réductions de coûts se sont fait ressentir à partir au premier trimestre 2016, les résultats affichant une nette amélioration. "Ces éléments exceptionnels ne sont pas attendus en 2016, les prochaines baisses de tarifs étant prévues en 2018", a indiqué à AWP Antoine Hubert, administrateur délégué du groupe fribourgeois.

Au premier trimestre 2016, le groupe a ainsi engrangé des recettes de 125,5 mio CHF, en hausse de 1,9% sur un an. L'Ebitda s'est nettement amélioré de 44,4% à 18,2 mio et la marge a bondi de 4,3 points à 14,5%.

Après des investissements "de rattrape" dans les cliniques acquises pour près de 23 mio CHF en 2015, le programme de rénovation est terminé et le groupe s'attend cette année à une baisse des dépenses.

L'activité de cliniques privées a continué à subir un reflux de la clientèle internationale, mais ce repli ne s'est pas accentué, a précisé M. Hubert. Avec la création d'infrastructures médicales sur place, la clientèle du Moyen-Orient est en baisse, sauf dans le haut de gamme.

Selon Antoine Hubert, "la zone russophone est en progression, sauf la Russie qui souffre des sanctions économiques avec une baisse de la clientèle russe de 20-25%. Les ex-républiques soviétiques sont par contre en augmentation". Le groupe, qui développe son réseaux d'agents à l'international, renforce aussi sa présence en Chine, en Azerbaïdjan, en Ouzbékistan et en Iran.

LIFEWATCH SOUS OBSERVATION

Les cliniques privées regroupées sous Swiss Medical Network ont amélioré leur chiffre d'affaires de 1,1% à 416,9 mio CHF, mais l'Ebitdar (Ebitda hors loyers) s'est contracté de 1% à 70,9 mio.

Le groupe maintient son objectif d'arriver à terme à un réseau de 20 à 25 cliniques en Suisse, mais les candidats au rachat se font rares, a admis l'administrateur délégué. "Les établissements doivent se regrouper pour créer des synergies. Cela va se faire doucement avec le changement de génération de médecins", a-t-il estimé.

Concernant les hôtels de luxe réunis sous la marque Victoria-Jungfrau Collection, "nous avons fait des ajustements sur la qualité et avons été plus stricts sur la politique de prix avec plus de vente directe et non par tour-opérateur", a détaillé M. Hubert.

Les recettes de cette activité ont progressé de 3,1% à 77,0 mio CHF, pour un Ebitdar de 15,9 mio, en hausse d'un quart.

Pour l'ensemble du nouvel exercice, Aevis Victoria s'attend à dégager un chiffre d'affaires d'environ 600 mio CHF. La société a également confirmé ses objectifs à moyen terme d'une marge Ebitda supérieure à 20%. Le recrutement de nouveaux médecins pour les centres de soins devrait apporter un afflux de nouveaux patients. La fin des travaux de rénovation dans les cliniques devrait également permettre à l'activité de progresser, a estimé M. Hubert.

La télémédecine constitue un nouveau secteur de croissance, où le groupe compte devenir un acteur important, selon Antoine Hubert. Aevis Victoria a ainsi pris début 2016 une participation de 40% dans le prestataire de télémédecine Medgate et a garanti en avril une augmentation de capital de Lifewatch, spécialisé dans le diagnostic à distance.

"Il y a encore peu d'acteurs globaux dans ce secteur et cela nous intéresse de devenir une plateforme de communication entre les différents acteurs", a dit M. Hubert, qui "n'exclut pas" d'augmenter sa participation dans Medgate, voire d'entrer au capital de Lifewatch.

A la Bourse suisse, la nominative Aevis a terminé sur une avancée de 3,1% à 42,25 CHF, à contre-courant d'un SPI en repli de 1,48%.

al/jh