Zurich (awp) - Face à l'impact économique de la pandémie de coronavirus, Aevis Victoria a serré la vis en matière de dépenses pour maintenir ses liquidités à flot. Le groupe de cliniques privées et d'hôtels, qui n'a pas formulé d'objectif pour 2020, a dans l'immédiat renoncé à verser un dividende.

"Après un début d'exercice 2020 prometteur, la propagation du coronavirus, et surtout l'état de confinement progressivement accru en Suisse, ont un impact sur le fonctionnement au quotidien des hôpitaux et des hôtels", a indiqué la société fribourgeoise vendredi dans un communiqué.

Face à l'annulation de bon nombre d'opérations programmées dans ses cliniques et l'effondrement du tourisme qui affecte son activité hôtelière, Aevis Victoria a pris d'amples mesures, car "les conséquences financières du confinement ne peuvent pas encore être quantifiées".

Décision la plus forte, le groupe renonce à verser un dividende au titre de 2019, après une rétribution de 1,10 franc par action l'année précédente.

Cela ne devrait cependant pas durer, a assuré l'administrateur délégué Antoine Hubert. "La suspension du dividende est une mesure préventive. Nous demeurons optimistes, les premiers signes indiquent que la situation va rapidement s'améliorer", a-t-il estimé lors d'une conférence téléphonique. "L'idée est, bien sûr, de rester à l'avenir une société à dividende", a souligné M. Hubert.

Aevis Victoria espère aussi pouvoir bénéficier des programmes d'aides publics pour compenser en partie la perte de revenus dans ses cliniques. Le canton de Berne va ainsi indemniser le groupe et ce dernier espère que les autres cantons vont suivre.

La Clinique Générale de Fribourg a ainsi été réquisitionnée par les autorités cantonales pour aider à faire face à la pandémie de coronavirus. Le groupe, qui opère ses cliniques privées via la filiale Swiss Medical Network (SMN), a transféré la totalité de son personnel vers l'hôpital cantonal fribourgeois. Le canton compensera Aevis Victoria pour cette mesure.

Le groupe a également arrêté toutes ses dépenses d'investissement, fait appel au chômage partiel et aux aides publiques si possible.

Face à la pandémie de Covid-19, la direction s'est déclarée dans l'incapacité d'évaluer dans l'immédiat les effets sur ses activités provoqués par les mesures sanitaires destinées à endiguer la propagation du virus.

Dans ses activités médicales, les cliniques privées font face à l'annulation des opérations dites électives (non prioritaires), mais Aevis Victoria espère bien les rattraper par la suite et table donc sur un solide rebond au deuxième semestre.

Les touristes suisses à la rescousse

Dans l'hôtellerie, activité regroupée sous Victoria-Jungfrau, "la pandémie aura un impact important (...) cet été", en raison des annulations de voyages et de conférences, mais le tourisme local devrait partiellement compenser ce manque à gagner.

Quant à l'année écoulé, Aevis Victoria a vu ses recettes et la rentabilité rebondir sous le coup notamment des cessions effectuées en 2019.

Le chiffre d'affaires total a bondi de 42% à 933,2 millions de francs suisses, porté notamment par la vente d'une participation dans Infracore qui a contribué à hauteur de 199,4 millions et la cession de Générale-Beaulieu Immobilière (22 millions).

Ces cessions ont également soutenu la rentabilité en 2019. Le résultat brut d'exploitation (Ebitda) a été multiplié par près de quatre à 266,5 millions de francs suisses et l'excédent d'exploitation (Ebit) par plus de dix à 179,1 millions. La marge opérationnelle a été propulsée à 21,2%, après seulement 2,9% en 2018.

Quant au résultat net, il est revenu en zone bénéficiaire à 173,7 millions de francs suisses, après une perte nette de 6,6 millions l'exercice précédent.

A la Bourse suisse, l'action Aevis Victoria a évolué en dents de scie avant de céder ses gains. Vers 14h00, le titre baissait fortement de 5,6% à 11 francs suisses, dans un indice SPI en recul de 2,85%.

al/fr