Arbon (awp) - L'équipementier du bâtiment AFG Arbonia-Forster a publié un chiffre d'affaires en hausse au premier semestre 2016. Si l'entreprise subit une perte, elle inscrit cependant un résultat opérationnel positif. Le chiffre d'affaires a progressé de 8% à 459 mio CHF. Hors acquisitions et effets de change, les ventes ont crû de 2,3%, indique le groupe thurgovien jeudi dans un communiqué.

Le résultat d'exploitation Ebit s'est inscrit à +5,7 mio CHF, après -125,4 mio CHF sur la même période en 2015, et l'Ebitda ajusté s'est établi à 23,3 mio CHF. Au final, AFG finit le semestre sur une perte nette de 3,5 mio CHF, contre une perte de 132,6 mio CHF au premier semestre un an plus tôt.

Les résultats d'AFG s'inscrivent dans le haut de la fourchette des prévisions des analystes interrogés par AWP. Le consensus était de 454,4 mio CHF pour le chiffre d'affaires, de 3,3 mio CHF pour l'Ebit, de 23,6 mio CHF pour l'Ebitda ajusté et de 4,0 mio CHF pour la perte nette.

Les bases financières sont de nouveau saines, écrit l'entreprise. Le taux de fonds propres est désormais de 41,1% et le degré d'endettement a été réduit de moitié. Les dettes nettes sont désormais de 65,5 mio CHF contre 228,7 mio CHF un an plus tôt.

OBJECTIFS REVUS À LA HAUSSE

Les objectifs 2016 ont été revus légèrement à la hausse par rapport à ceux articulés en mars. L'entreprise vise désormais un chiffre d'affaires annuel "d'environ 1 mrd CHF" et un Ebitda "en hausse". Jusqu'ici, l'objectif était d'un chiffre d'affaires de 970 mio CHF et d'un Ebitda "en légère hausse". Le taux de fonds propres s'établira entre 35 et 40% à fin 2016.

Ces objectifs seront revus à la hausse au cours de l'année à venir, afin de tenir compte de l'effet positif de l'acquisition de Koralle. Il est cependant encore trop tôt. "Vu d'aujourd'hui, l'objectif du milliard en 2018 apparaît très conservateur", a déclaré jeudi en conférence de presse téléphonique Alexander von Witzleben, directeur général ad interim.

Cette révision s'explique par un premier semestre meilleur qu'escompté et un effet de change en baisse. Enfin, la reprise de Koralle à Geberit déploiera ses effets à partir du quatrième trimestre. Au final, AFG devrait inscrire un résultat net positif en 2016, malgré une perte de 3,5 mio CHF au premier semestre. Le directeur général et Felix Bodmer, directeur financier, ont invoqué le caractère saisonnier de la marche des affaires.

ÉVOLUTION CONTRASTÉE EN SUISSE ET EN ALLEMAGNE

Les deux principaux marchés, l'Allemagne et la Suisse, ont connu des évolutions contrastées, écrit AFG. En Allemagne, les constructions de nouvelles maisons connaissent une tendance dynamique grâce aux taux bas, et le nombre de permis de construire a fortement augmenté. Par ailleurs, l'afflux de réfugiés suscite des besoins de surface habitable, avec à la clé des constructions et des rénovations.

En Suisse en revanche, plusieurs facteurs négatifs pèsent sur le secteur du bâtiment. Par ailleurs, la concurrence en Suisse est rude, et la force du franc renforce encore le phénomène.

AFG poursuit son processus de délocalisation. La fabrication de fenêtres en PVC a déjà quitté Altstätten dans le canton de St-Gall pour Plavanec en Slovaquie l'an dernier, et la production à Villeneuve devrait cesser fin 2016. Quant à la production de fenêtres en bois et aluminium, elle sera transférée d'Altstätten à Langenwetzendorf dans le land allemand de Thuringe d'ici à fin 2017, suite à l'acquisition de la société allemande Wertbau.

La délocalisation de la production en Slovaquie et en République tchèque est en bonne voie. "Nous sommes satisfaits du processus", a déclaré M. von Witzleben. Les chiffres de 2016 seront encore pénalisés par la restructuration, mais l'amélioration opérationnelle se fera sentir dès 2017 et pleinement en 2018, a-t-il conclu.

La division technique du bâtiment a vu son chiffre d'affaires progresser de 6,7% à 232,4 mio CHF. Les ventes de la division enveloppe du bâtiment ont crû de 11,4% à 151,4 mio CHF et celles de la division sécurité du bâtiment de 5,3% à 75,1 mio CHF.

ANALYSTES PRUDENTS

Si les chiffres clés sont meilleurs qu'attendu, les analystes restent malgré tout prudents. La division enveloppe du bâtiment inscrit toujours des pertes et l'unité sécurité du bâtiment est peu rentable, constate Vontobel. Outre les délocalisations, AFG doit optimiser la structure de ses coûts, notamment en raison de la concurrence des importations en Suisse. La hausse du cours de l'action s'explique moins par les bons résultats que par l'optimisme des responsables par rapport aux objectifs 2018. Vontobel maintient "hold" et réexamine son objectif de cours de 13 CHF.

Baader Helvea vise un peu plus haut, avec un objectif de cours de 14,80 CHF et "hold" pour recommandation. Le courtier salue les résultats supérieurs aux prévisions et souligne la hausse de la marge Ebitda. Les perspectives sont cependant très exposées aux incertitudes conjoncturelles.

Pour la Banque cantonale de Zurich (ZKB), les résultats sont conformes aux attentes, avec des coûts de délocalisation toujours plus élevés que les recettes. "Cette année et dans une moindre mesure la prochaine resteront des exercices de transition", écrit l'analyste. On ne saura qu'en 2018 si la nouvelle structure de production livrera ou non les résultats escomptés. Le potentiel d'amélioration à long terme est déjà pris en compte dans le cours actuel, estime la ZKB. Elle maintient sa recommandation "pondérer au marché".

A la Bourse suisse, l'action AFG a terminé en forte hausse de 6,73% à 15,85 CHF. L'indice SPI a quant à lui clôturé dans le vert à 9022,16 points (+1,01%).

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