Le contrat évalué nettement au-dessus d'un milliard de dollars porte sur la maintenance pendant 15 ans des moteurs 20 Boeing 777 d'Air China, qui pourrait être étendu à huit avions cargo de la compagnie chinoise, avec au total 70 emplois à la clé en France.

Mais, selon des professionnels de marché, la menace d'une grève des pilotes d'Air France en mai et un chiffre d'affaires inférieur aux attentes pèsent sur l'action de la compagnie qui, vers 11h40, perdait près de 4% à 10,7 euros et accusait la plus forte baisse de l'indice SBF 120 de la Bourse de Paris.

"C'est surtout la menace de grève des pilotes qui fait baisser le titre", observe un trader, pour qui les investisseurs prennent également des bénéfices après une hausse de plus de 34% du titre depuis ses plus bas de début février.

Pour le courtier Liberum la faiblesse du chiffre d'affaires, dû aux effets de change, semble être un des "principaux points de déception" de la publication. Il maintient toutefois sa recommandation d'achat avec un objectif de cours à 17 euros, en se disant "encouragé par les réductions de coûts".

Au premier trimestre, le numéro deux européen en termes de chiffre d'affaires derrière l'allemand Lufthansa a réduit de plus de moitié sa perte brute d'exploitation, à 50 millions d'euros, malgré un chiffre d'affaires en baisse de 2,2% à 5,554 milliards dans une conjoncture peu porteuse.

Air France-KLM a également confirmé ses objectifs d'excédent brut d'exploitation (Ebitda) d'environ 2,5 milliards d'euros en 2014 sauf choc économique imprévu.

JUNIAC IRRITÉ

A cette précaution s'ajoute le redressement plus lent que prévu de son activité fret et la menace d'une grève des pilotes en France en mai, qui pourrait contraindre Air France à annuler de nombreux vols du 3 au 30 mai.

Les pilotes de ligne réclament l'abrogation ou un aménagement de la loi Diard qui impose aux grévistes dans le transport aérien des préavis individuels de 48 heures avant le début du mouvement.

Alexandre de Juniac s'est insurgé contre ce mouvement de grève, soulignant qu'il ne pouvait pas plus mal tomber pour la compagnie Air France, qui a ramené sa perte d'exploitation de 77 millions à 12 millions d'euros en un an sous l'effet du plan "Transform 2015", accompagné de quelque 8.000 suppressions de postes.

"Ce sont des sacrifices salariaux et des départs de l'entreprise. Quand je vois qu'on nous met là-dessus un mouvement de grève qui n'a rien à voir avec la société, il y a matière à irritation", s'est-il emporté.

Alexandre de Juniac a dit par ailleurs espérer signer "dans les semaines qui viennent" un accord de partage de codes avec Air Berlin, la compagnie allemande dont Etihad Airways, partenaire commercial d'Air France-KLM, est actionnaire.

Le PDG d'Air France-KLM surveille également le projet d'investissement envisagé par la compagnie du Golfe dans Alitalia, après avoir refusé en novembre de participer à une augmentation de capital de 300 millions d'euros de la compagnie italienne faute de mesures convaincantes pour réduire sa dette de la compagnie

Si Etihad conclut un accord à des conditions comparables aux siennes, Air France-KLM, qui a laissé sa participation être se diluer de 25% à 7%, envisagerait de réinvestir dans la Alitalia, a-t-il dit.

"On ne ferme pas la porte. Il faut que ce soit compatible avec nos propres plans de développement", a-t-il ajouté. "La différence, c'est qu'Etihad est prêt à mettre de l'argent que je n'ai pas".

(Edité par Jean-Michel Bélot)

par Cyril Altmeyer