Paris (awp/afp) - Vente à la découpe, reprise intégrale, liquidation? Une journée cruciale s'ouvre pour Aigle Azur: les candidats à la reprise de la compagnie aérienne, qui emploie près de 1200 personnes et a cessé ses vols vendredi soir, doivent abattre leurs cartes avant lundi midi.

En redressement judiciaire, le spécialiste de la desserte de l'Algérie est dans une telle impasse financière qu'il ne peut ni dédommager financièrement ses clients ni même assurer le rapatriement des voyageurs dont le vol retour a été annulé.

Plusieurs scénarios de reprise de la compagnie sont envisagés par les syndicats, mais aucun repreneur potentiel, en particulier Air France, ne voulait confirmer ses intentions.

"Nous faisons pas de commentaire", a déclaré dimanche à l'AFP un porte-parole d'Air France, ajoutant simplement que "la situation évolue".

Pour Raphaël Caccia, secrétaire général de la CFDT du transport aérien, une offre de reprise partielle par Air France de la partie court et moyen-courrier (les A320), surtout à destination de l'Algérie, est une "quasi-certitude".

Dans ce cas de figure, le groupe Dubreuil, propriétaire majoritaire d'Air Caraïbes, pourrait reprendre les longs courriers de la compagnie qui desservaient notamment le Mali et le Brésil.

La CFDT, qui n'est pas hostile à ce scénario si tous les salariés retrouvent un emploi, n'exclut pas non plus une offre de reprise partielle par le grand acteur espagnol du low cost Vueling, avant tout intéressé par les créneaux d'atterrissage ("slots") dont Aigle Azur dispose à Paris-Orly.

Il s'agit d'un ensemble de 9.800 créneaux horaires annuels dans cet aéroport où le total pour toutes les compagnies est plafonné à 250.000.

Manifestation devant le siège

Une reprise intégrale sous la houlette de Lionel Guérin, ancien dirigeant du groupe Air France, est souhaitée par le syndicat des pilotes de ligne (SNPL) d'Aigle Azur, mais est jugée "complètement surréaliste" par M. Caccia, qui souligne que ce projet repose sur l'entrée de l'Etat et des salariés au capital.

"Nous poussons très fort une solution de reprise basée sur Air France, qui serait actionnaire minoritaire disposant d'une minorité de blocage, avec Lionel Guérin qui prendrait les rênes et des investisseurs et les salariés qui entreraient au capital", a expliqué Martin Surzur, président du SNPL d'Aigle Azur.

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a évoqué vendredi "une offre principale" de reprise, mais n'en a pas dit plus.

Un comité d'entreprise extraordinaire doit se réunir à 15 heures pour examiner les offres de reprises qui auront été déposées.

La CFDT appelle les salariés à se réunir à partir de 13 heures devant le siège social d'Aigle Azur situé dans la zone d'Orly Tech, non loin de l'aéroport, tandis que le SNPL les a appelés à faire de même à 14 heures.

Plus tôt en fin de matinée, FO et le SNPL appellent par ailleurs à un rassemblement devant le ministère des Transports à Paris.

En dehors de l'avenir de la compagnie se pose toujours la question du dédommagement et du rapatriement des voyageurs. Le secrétaire d'Etat aux Transports Jean-Baptiste Djebbari avait indiqué vendredi que "plusieurs milliers de personnes" étaient bloquées notamment "en Algérie et au Mali". Aucun chiffre actualisé n'était disponible dimanche soir.

Air France a affrété deux vols spéciaux samedi et deux autres dimanche pour Alger, selon la Police de l'air et des frontières.

Des vols qui n'étaient qu'au quart pleins à l'aller, mais sans place libre au retour, selon cette source.

D'autre part, le nombre de billets Aigle Azur payés par les agences de voyage pour les semaines et les mois à venir est estimé à 40.000, selon Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage qui regroupe les agences de voyage françaises.

Avec ses 11 avions, Aigle Azur a transporté 1,88 million de passagers en 2018, année pendant laquelle elle a réalisé un chiffre d'affaires de 300 millions d'euros.

afp/al