PARIS (Agefi-Dow Jones)--Air France-KLM signe la plus forte baisse du SBF 120 lundi après la démission du PDG, Jean-Marc Janaillac, qui ouvre une nouvelle période d'incertitude pour le transporteur aérien franco-néerlandais dont les résultats financiers ont plongé dans le rouge au premier trimestre en raison des grèves et de la hausse des coûts du pétrole.

Vers 13h45, le titre chutait de 10% à 7,29 euros. Alors que les pilotes et salariés d'Air France prévoient mardi un quinzième jour de grève depuis la fin février, l'intersyndicale doit se réunir lundi en fin d'après-midi pour décider des suites à donner au mouvement. "Air France déplore la poursuite de ces grèves alors même que la période qui s'ouvre ne permet pas d'engager une quelconque négociation", a indiqué la compagnie dans un communiqué.

Air France-KLM a confirmé samedi la démission de son PDG et indiqué que le groupe annoncerait une "solution de gouvernance de transition" le 15 mai à l'issue de l'assemblée générale des actionnaires. Jean-Marc Janaillac avait annoncé vendredi sa démission après le rejet de ses propositions salariales par une majorité de salariés, lors d'une consultation électronique dont il espérait qu'elle permettrait de surmonter l'opposition des syndicats.

Les incertitudes managériales et stratégiques risquent de se prolonger

Air France-KLM est "maintenant sans patron et devrait éprouver les pires difficultés à attirer un manager de haut niveau", estiment les analytes d'Aurel BGC. "Le temps qu'un nouveau PDG soit nommé, qu'il définisse une feuille de route et que celle-ci soit mise en œuvre, une année peut s'écouler", complète Yan Derocles chez Oddo BHF. "Le risque pour Air France est de se voir déclassée par rapport à des concurrents qui sont en train d'accélérer leur mutation", ajoute--t-il.

La chute du titre reflète également l'incertitude sur la stratégie du transporteur, notamment dans le low cost en Europe, mais aussi face au développement du low cost long-courrier. "Quels que soient les choix, il faudra négocier avec les pilotes", poursuit Yan Derocles qui a abaissé son objectif de cours sur le titre, à 7,20 euros contre 10 euros précédemment.

"Aujourd'hui, Air France ne semble pas en mesure de trouver un compromis comme celui obtenu l'année dernière par Lufthansa avec ses pilotes, qui a débouché sur 150 millions d'euros de réductions de coûts", indique Johannes Braun, analyste chez Mainfirst.

Les syndicats d'Air France réclament 5,1% d'augmentation générale en 2018 au titre d'un "rattrapage" après six ans de gel des grilles salariales, une hausse jugée déraisonnable par la direction qui a proposé 7% d'augmentation étalée sur quatre ans.

Les coûts restent élevés

"En dépit de certaines restructurations réussies par le passé, Air France a encore la base de coûts la plus élevée dans l'industrie. La compagnie devrait baisser ses coûts plutôt que de les augmenter", poursuit Johannes Braun. L'analyste a réduit de 45% sa prévision de résultat opérationnel (Ebit) pour Air France-KLM en 2018, après la perte d'exploitation de 118 millions d'euros accusée par le groupe au premier trimestre, et souligne le manque de visibilité sur les résultats annuels en raison de la poursuite des grèves.

Air France a estimé à environ 300 millions d'euros le coût des grèves à fin avril et a dit s'attendre à un résultat opérationnel en "baisse sensible" cette année.

-François Schott, Agefi-Dow Jones; 01 41 27 47 92; fschott@agefi.fr ed: VLV

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