Première compagnie aérienne à communiquer ses résultats 2019 et ses perspectives 2020, l'entreprise franco-néerlandaise devrait être observée de près pour étalonner l'impact du coronavirus Covid-19 sur l'industrie aéronautique au-delà de l'épicentre de l'épidémie, en Asie.

A l'instar de nombreuses compagnies aériennes mondiales, Air France-KLM a suspendu ses liaisons avec la Chine continentale jusqu'en mars, et a fondé ses estimations de l'impact de l'épidémie sur l'hypothèse que ces vols reprendront progressivement ensuite.

"C'est ça qu'on retient comme hypothèse pour l'instant. On ne sait pas si elle est totalement crédible ou pas du tout crédible", a déclaré à des journalistes le directeur financier du groupe, Frédéric Gagey, en amont de la publication des résultats.

"Evidemment, si c'est plus long, l'impact sera supérieur à ce que je viens de donner", a-t-il ajouté.

Pour Air France et son partenaire KLM, de même que pour les pairs mondiaux, la propagation en janvier de l'épidémie de coronavirus est intervenue alors que l'apaisement des tensions commerciales semblait augurer une demande solide en 2020. Après une recette unitaire "significativement positive" en janvier, a déclaré le directeur financier d'Air France-KLM, "tout a changé de manière assez brutale" avec les mesures de confinement liées à l'épidémie qui ont poussé la compagnie à prévoir un déclin au premier trimestre.

L'an dernier, les vols avec la Chine continentale ont représenté 5,5% du trafic de l'entreprise franco-néerlandaise.

RENOUVELLEMENT DE LA FLOTTE

Air France-KLM doit financer l'ambitieux plan de renouvellement de sa flotte présenté par son nouveau directeur général Ben Smith en novembre dernier, qui prévoit 3,6 milliards d'euros de dépenses d'équipement cette année.

Le chiffre d'affaires a progressé de 1,9% au quatrième trimestre et de 3,7% à 27,189 milliards d'euros pour l'ensemble de l'année 2019, tandis que les coûts de carburant ont entraîné un déclin de 18% du résultat d'exploitation, à 1,141 milliard d'euros. La facture carburant est attendue en baisse de 300 millions d'euros pour cette année.

Les analystes anticipaient un résultat d'exploitation de 1,1 milliard d'euros sur 27,38 milliards de revenus, selon les prévisions médianes de dix-neuf analystes.

En dépit du déclin des prix des lucratives routes Amérique du Nord au quatrième trimestre, Air France-KLM a limité les répercussions à une baisse de 0,1% de ses revenus unitaires alors que le trafic global a progressé de 2,9%, dépassant la croissance de 2% de sa capacité.

Le groupe a aussi réduit en 2019 ses coûts unitaires de 0,9% à change et carburant constants, près du sommet de sa fourchette cible de 0-1% qui est également son objectif cette année.

Au quatrième trimestre, la restructuration du réseau domestique France a permis de dégager une hausse de la recette unitaire de 7,8% et une réduction du coût unitaire de 1,5%.

Mais les coupes budgétaires rencontrent de l'opposition, avec un appel à la grève des syndicats d'Air France à l'appui de revendications salariales des pilotes de la filiale HOP! Et du personnel au sol.

Les résultats de l'activité cargo illustrent la détérioration de marchés du fret aérien saturés, avant même que soit prolongée la fermeture des usines chinoises qui a interrompu les chaînes d'approvisionnement.

Le chiffre d'affaires de l'activité cargo a diminué de 13,7% au quatrième trimestre et de 5,9% sur l'ensemble de 2019, a déclaré Air France-KLM, qui a imputé ces résultats à la hausse importante des capacités cargo ayant conduit selon le groupe "au pire trafic depuis 10 ans".

(Laurence Frost, Jean-Michel Bélot et Jean Terzian, édité par Jean-Stéphane Brosse)