ajoute dernier bilan, positions de l'Elysée concernant les personnes âgées, décision du Conseil d'Etat, Martine Aubry, bailleurs, situation dans le Grand Est.

PARIS (awp/afp) - Le gouvernement devait faire voter vendredi soir un budget de crise, déjà critiqué, pour tenter d'affronter la tempête économique et sociale causée par l'épidémie du Covid-19, dont le bilan augmente toujours à un rythme soutenu en dépit de signes encourageants dans les hôpitaux.

Face à l'épidémie qui a fait 18.681 morts dont plus de 7.000 dans les Ehpad et autres établissements médico-sociaux, le Premier ministre Edouard Philippe et le ministre de la Santé Olivier Véran donneront une nouvelle conférence de presse dimanche après-midi.

Ce lourd bilan, avec 761 morts de plus recensés depuis jeudi, s'accompagne toutefois de signes d'espoir: pour le troisième jour consécutif, le nombre de personnes hospitalisées a baissé. Le nombre de personnes en réanimation est aussi en recul depuis neuf jours, à 6.027.

Dans le Grand Est, où une baisse des cas s'était déjà amorcée fin mars-début avril, les autorités ont fait état durant la semaine du 6 au 12 avril, et "pour la première fois depuis le début de l'épidémie", d'"une diminution du nombre des nouvelles hospitalisations, des admissions en réanimation et soins intensifs et des décès enregistrés en établissements de santé".

Pour autant, la France, qui disposait de 5.000 lits en réanimation avant le début de la crise, reste "à un niveau exceptionnel des besoins" sur ce plan, a souligné le directeur général de la Santé Jérôme Salomon, dont les bulletins quotidiens rythment l'évolution de l'épidémie.

Et les chiffres se font de plus en plus alarmants sur le porte-avions Charles de Gaulle: selon un dernier bilan encore provisoire, 1.081 des marins du navire et de son escorte, près de la moitié de l'équipage, ont été testés positifs. 24 sont hospitalisés, dont l'un en réanimation, et l'origine de la contamination reste inconnue.

"Responsabilité"

Avec les mesures de confinement, "nous avons fortement cassé cette épidémie", a toutefois assuré le Pr Salomon. Et "après le déconfinement", qui pourrait débuter le 11 mai, "les Français auront aussi cette responsabilité de freiner tout risque de diffusion virale", a-t-il insisté.

La levée progressive de cette mesure inédite, qui aura duré huit semaines si elle s'achève effectivement à cette date, suscite toujours interrogations et une certaine défiance.

Pour couper court aux inquiétudes de millions de seniors, l'Elysée a assuré vendredi soir qu'Emmanuel Macron "ne souhaite pas de discrimination" envers les personnes âgées et "en appellera à la responsabilité individuelle" de chacun à cette date. Mercredi, le président du comité scientifique qui conseille les autorités, le Pr Jean-François Delfraissy, avait indiqué que les personnes "au-dessus de 65 ou de 70 ans" devraient rester confinées.

Autre sujet de crispations, l'annonce de la réouverture des crèches et établissements scolaires, à l'exception de l'enseignement supérieur, alors même que les grands rassemblements resteront interdits et les bars et restaurants fermés.

Plusieurs élus locaux se refusent ainsi à rouvrir les écoles à cette date. La maire de Lille, Martine Aubry, a ainsi déclaré qu'elle ne "voyait pas" comment les écoles pourraient rouvrir.

Vendredi soir, dans une décision attendue par de nombreux élus, le Conseil d'Etat a toutefois limité le pouvoir des maires dans la lutte contre l'épidémie.

Selon la plus haute juridiction administrative, qui confirmait l'annulation d'un arrêté rendant le port du masque obligatoire à Sceaux, les maires ne peuvent prendre d'autres mesures que celles décidées par l'Etat dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire, sauf "raisons impérieuses".

Loyers allégés

Si le pays est à l'arrêt, le gouvernement s'active pour qu'il ne soit pas mis à genoux par une récession que le ministre de l'Économie annonce comme la pire depuis la seconde guerre mondiale, avec une activité économique en chute libre.

Après une demande de Bruno Le Maire en ce sens, les principales organisations de bailleurs ont appelé leurs adhérents à annuler trois mois de loyers pour les très petites entreprises qui ont dû fermer au début du confinement.

Et les députés doivent voter vendredi un budget aux dépenses considérablement alourdies pour affronter la tempête économique et sociale provoquée par la pandémie.

Ce second projet de loi de finances rectificative (PLFR), qui sera débattu mardi au Sénat, prend en compte l'enveloppe globale de 110 milliards d'euros annoncée par le gouvernement face à "l'urgence économique". Il prévoit un recul de 8% du Produit intérieur brut (PIB) en 2020, un déficit public d'environ 9% du PIB et une dette à 115%.

Il porte notamment à 24 milliards d'euros les crédits destinés à financer le chômage partiel, qui concerne désormais 9 millions de salariés, plus d'un sur trois.

Mais ici aussi, les critiques commencent à se faire entendre.

Côté politiques, c'est la question du "qui va payer" qui infuse.

Côté société civile, plusieurs ONG de défense de l'environnement ont dénoncé "un chèque aux grands pollueurs sans conditions", avec des aides publiques qui pourraient bénéficier à des entreprises "qui contribuent fortement au dérèglement climatique".

Dans cette tourmente disparait une figure emblématique de la musique: le chanteur Christophe. L'interprète d'"Aline" et des "Mots bleus", hospitalisé en réanimation depuis la fin mars, avait été transféré à Brest la semaine dernière.

Son épouse, Véronique Bevilacqua, n'a jamais fait mention de la maladie Covid-19 dans ses communiqués et, interrogée au téléphone par l'AFP, a tenu à insister sur "l'emphysème" qui l'a tué, une maladie pulmonaire.

Le Parisien avait affirmé au moment de son hospitalisation que Christophe avait été testé positif au coronavirus. Affirmation jamais confirmée, mais le décès du "beau bizarre" en pleine épidémie prend évidemment un relief particulier.

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