A la suite de cette information, initialement rapportée par la chaîne de télévision CNBC TV18, le titre Jet Airways a pris jusqu'à près de 6,5% mardi à la Bourse de Mumbai, avant de finalement terminer sur un repli de 0,27%, alors que l'indice vedette Nifty 50 de la place indienne a gagné 1,37%.

Lundi, la valeur avait bondi de plus de 16% après que CNBC TV18 a également dit que Naresh Goyal, le fondateur et le président de la compagnie, âgé de 69 ans, allait démissionner du conseil et céder sa majorité de contrôle de 51%.

Des sources qui ont travaillé avec Naresh Goyal ont dit que la volonté de ce dernier de tout maîtriser est devenue un obstacle majeur au redressement de Jet Airways, a rapporté Reuters le mois dernier.

S'exprimant sous le sceau de l'anonymat, la source citée plus haut a confirmé que Naresh Goyal se dirigeait vers la sortie, sans pour autant dire si cela allait se traduire par une démission de la présidence du conseil.

Reuters a également écrit le mois dernier qu'Etihad, actuel deuxième actionnaire de Jet Airways à hauteur de 24%, avait conditionné tout renforcement de sa part à une dilution de celle de Naresh Goyal.

Le cas échéant, la loi indienne interdit à toute entité étrangère de détenir plus de 49% d'une compagnie aérienne du pays.

Et, selon la réglementation boursière, Etihad, à moins de bénéficier d'une rare exemption, devra présenter formellement une offre aux actionnaires visant à obtenir la majorité du capital de Jet Airways s'il dépasse le seuil des 25%.

QATAR AIRWAYS EXCLUT TOUT INVESTISSEMENT DANS JET AIRWAYS

Citant des sources, CNBC TV18 a dit que Naresh Goyal allait ramener sa part à entre 20% et 25% et accepter que les droits de vote associés à sa participation soient plafonnés à 10%.

Etihad s'est refusé à tout commentaire tandis que Naresh Goyal n'a pas répondu dans l'immédiat à des courriels de Reuters sollicitant une réaction.

Jet Airways a dit le 2 janvier avoir fait défaut sur une échéance de remboursement de dette due à un consortium de banques, ajoutant être en discussions avec ce consortium mené par State Bank of India.

Après avoir bondi de quelque 139% en 2017, portée par le boom du marché du transport aérien indien, l'action Jet Airways a reperdu 66,7% en 2018, le transporteur ayant comme ses pairs souffert d'une intensification de la concurrence, de la faiblesse de la roupie et d'une hausse des coûts du carburant.

Début août, Reuters et d'autres organes de presse avaient rapporté que Jet Airways avait dit à ses pilotes que la contraction de sa trésorerie ne lui permettait plus d'assurer que 60 jours d'exploitation, conduisant dans les semaines suivantes le transporteur à multiplier des propos rassurants sur l'état de ses finances et des annonces de réduction de ses coûts.

Jet Airways, née il y a 25 ans et devenue la plus importante compagnie indienne en termes de parts de marché, affichait un endettement de 80,52 milliards de roupies (un milliard d'euros) au 30 septembre 2018.

Début décembre, des sources ont dit à Reuters que Jet Airways, partenaire d'Air France-KLM dans le long-courrier, et Etihad avaient eu des discussions avec des banques en vue d'un sauvetage de l'entreprise, évoquant alors déjà une augmentation de la part d'Etihad dans Jet.

La semaine dernière, Reuters a dit que des pourparlers entre la compagnie et des loueurs d'avions au sujet de retards de paiement accumulés par la première avaient échoué, ce qui a conduit les seconds à envisager la possibilité de réclamer leurs appareils.

Jet Airways doit rencontrer ses créanciers mercredi, écrit mardi le journal Business Standard.

En marge d'une conférence sur l'aviation organisée à Mumbai, le directeur général de Qatar Airways Akbar al-Baker a dit que la compagnie n'achèterait pas une participation dans Jet Airways, étant donné que le transporteur est en partie détenu par un "ennemi" du pays.

L'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn, membres du CCG, ainsi que l'Egypte, ont rompu leurs relations diplomatiques et commerciales avec le Qatar en juin 2017, en l'accusant de soutenir le terrorisme et de se rapprocher de leur ennemi régional, l'Iran, ce que Doha dément.

(Benoit Van Overstraeten pour le service français, édité par Jean-Michel Bélot)

par Stanley Carvalho

Valeurs citées dans l'article : Air France-KLM, Jet Airways (India) Ltd