Décidément, les séances se suivent et se ressemblent pour Air France-KLM (-14,54% à 7,13 euros) qui accuse une nouvelle fois le plus fort recul de la place de Paris. Jean-Marc Janaillac, le président-directeur général de la compagnie aérienne a annoncé sa démission, suite à l’échec des négociations avec les syndicats. Vendredi soir, le groupe a annoncé que la consultation sur l'accord salarial proposé avait donné un résultat négatif (55,44% des votes). Le tout, avec un taux de participation important de 80,33%.

Résultat, il n'y plus de pilote dans l'avion puisque Jean-Marc Janaillac avait conditionné son maintien à son poste au succès du vote.

Le conseil d'administration a toutefois demandé au dirigeant d'assurer ses fonctions jusqu'au 15 mai prochain, date à laquelle une gouvernance de " transition " sera mise en place.

Cette démission fait entrer la compagnie aérienne dans une phase de turbulences fortes. De ce fait, Oddo BHF a dégradé sa recommandation de Neutre à Alléger sur le titre, tout en abaissant son objectif de cours à 7,20 euros (contre 10 euros).

Le bureau d'études pointe du doigt le flottement managérial à venir. En effet, au-delà de Jean-Marc Janaillac, " on peu raisonnablement penser que le directeur général d'Air France, Franck Terner, et son directeur des ressources humaines seront également sous pression puisque c'est en grande partie eux qui avaient animé les négociations salariales ".

De son côté, Kepler Cheuvreux a mis sous revue sa recommandation sur la valeur. L'analyste déplore le départ de Jean-Marc Janaillac, qui présentait de solides performances depuis son arrivée en 2016. Le broker souligne que le conflit salarial en cours pourrait remettre en cause les objectifs de réduction de coûts de moyen-terme du groupe.

Enfin, l'expert anticipe des tensions grandissantes entre Air France et KLM en interne, d'autant plus que l'écart de rentabilité entre les deux compagnies se creuse en faveur de la société néerlandaise.

L'ensemble de ces éléments devrait peser sur la profitabilité d'Air France-KLM dans les mois à venir. Une mauvaise nouvelle de plus pour le groupe, qui avait dévoilé vendredi des résultats trimestriels inférieurs aux attentes, plombés par les grèves en cours chez Air France et la hausse du prix des carburants.

Face à cette situation, le groupe ne pourra d'ailleurs pas compter sur l'Etat. Le ministre de l'économie et des finances, Bruno Le Maire, a exclu, hier sur BFM-TV, toute recapitalisation d'Air France-KLM, dont l'Etat détient 14%.