L'Association internationale du transport aérien (IATA), qui représente 290 compagnies aériennes assurant environ 80% du trafic mondial, a déclaré s'attendre à ce que le secteur dégage en 2019 un bénéfice de 28 milliards de dollars (25 milliards d'euros), contre une prévision initiale de 35,5 milliards de dollars en décembre.

"Les compagnies aériennes feront encore des bénéfices cette année, mais l'argent ne sera pas facile à gagner", a déclaré Alexandre de Juniac, directeur général de l'IATA, lors de la réunion annuelle de l'association à Séoul, évoquant à cette occasion les tentations de politiques protectionnistes ou isolationnistes à travers le monde.

Les places boursières ont plongé vendredi après la menace inattendue du président américain Donald Trump d'imposer des droits de douane sur les produits mexicains.

Cette menace est venue s'ajouter aux craintes qu'une exacerbation des tensions commerciales n'entraîne les États-Unis et les autres grandes économies mondiales dans une récession.

Les compagnies aériennes ont enregistré en 2018 quelque 30 milliards de dollars de bénéfices, mais le marché du fret aérien, qui constitue une source additionnelle de revenus pour les transporteurs, s'est considérablement dégradé.

"Vous voyez que le commerce international est maintenant à un taux de croissance zéro, ce qui a un impact immédiat sur notre activité cargo", a déclaré Alexandre de Juniac à Reuters TV.

L'IATA redoute que les tensions commerciales, qui ont déjà contraint plusieurs compagnies en Asie à laisser des appareils sur le tarmac ou à retarder la livraison de fret aérien, puissent se répercuter sur le trafic passagers.

La croissance des capacités de transport de passagers, qui a atteint 6,9% en 2019, devrait ralentir cette année pour s'élever à 4,7% et les tarifs moyens devraient se stabiliser après une contraction de 2,1% en 2018.

La baisse peut potentiellement être importante car les bénéfices des compagnies aériennes sont corrélés à la confiance des consommateurs et au commerce mondial, selon les économistes.

De leur côté, les analystes estiment que le secteur aérien s'approche de la fin d'un cycle.

La forte dépendance du secteur à la région d'Amérique du Nord, qui représente à elle seule la moitié des bénéfices, a incité l'influent consultant Peter Harbison à alerter les PDG des compagnies aériennes de l'IATA que la bonne santé de l'industrie était une "aberration temporaire".

La croissance du secteur aérien est dopée par les politiques de bas tarifs, mais ce type de tendance rend les compagnies plus vulnérables en cas de ralentissement économique, explique à Reuters Peter Harbison.

Le patron de la compagnie allemande Lufthansa s'en est pris aux compagnies aériennes à bas coûts dont il qualifie les politiques tarifaires d'irréalistes.

"Je ne me plains pas de la concurrence (...) mais proposer des billets en dessous de 10 euros nuit à la confiance du public et de la classe politique (et) contribue à la congestion du trafic aérien", a déclaré Carsten Spohr pour qui ces pratiques tarifaires nuisent aux politiques en faveur du climat.

Airbus a indiqué dimanche avoir reçu des demandes de report de commandes d'avions, sans pour autant estimer que le secteur aérien connaissait un ralentissement.

(Jamie Freed et Heekyong Yang à Séoul, Matthieu Protard pour le service français, édité par Nicolas Delame)

Valeurs citées dans l'article : Air France-KLM, Airbus SE, Boeing Company (The), Lufthansa Group