Airbus a réalisé une belle moisson de commandes lors du Salon de Farnborough, mais ce qui a frappé les esprits, c'est la multiplication des commandes par "des clients non identifiés". "Un loueur non identifié commande 80 avions de la famille A320neo", "Un client non-identifié signe pour 8 A350-900", "Un client non identifié commande 100 avions de la famille A320neo"… Les titres de plusieurs des communiqués diffusés depuis le 16 juillet sont édifiants. Historiquement, il y a nettement moins d'annonces anonymes, même si les transporteurs chinois sont parfois adeptes de cette méthode (il s'agirait du reste, cette fois-ci encore, des donneurs d'ordres chinois).

Profil bas

Comment interpréter cette passion nouvelle pour la discrétion ? C'est le groupe Airbus lui-même qui a apporté la réponse hier, lors de sa présentation investisseurs. Certains clients cherchent à faire profil bas pour ne pas jeter de l'huile sur le feu de la guerre commerciale qui a débuté entre les Etats-Unis, l'Europe et la Chine, ont expliqué les dirigeants. Une réaction qui nous paraît peu rationnelle à ce stade et dont l'intérêt semble discutable. D'ailleurs, elle a (presque) fait tomber de sa chaise Sandy Morris, le spécialiste du secteur chez Jefferies. "Si la situation actuelle suffit à pousser les clients à l'anonymat, qu'en sera-t-il en cas d'escalade douanière ?", interroge l'analyste.

Morris va garder un œil sur la situation. Après tout, il estime que le seul élément susceptible de vraiment faire dérailler un cycle aéronautique très robuste serait une guerre commerciale ouverte entre les Etats-Unis et la Chine. Mais pour l'heure, pas question de broyer du noir : il recommande d'acheter l'action Airbus, qui reste dans une dynamique positive, comme l'illustre le mantra de l'industriel européen, "Earnings and FCF taking off !", qu'on peut traduire par "Décollage pour les résultats et le cash-flow libre".
 

En bonus, la slide numéro 8 de la présentation d'Airbus, qui montre les leviers dont dispose le groupe sur ses performance opérationnelles. Amélioration de la productivité, début des bénéfices sur le programme A350, contribution de la montée en cadence des prix et de la production des A320 et couverture de change pour le bénéfice par action. Croissance du bénéfice par action, contrôle du fonds de roulement et réduction des charges de l'A400M pour le FCF, puis, à terme, montée de la rentabilité de l'A350 à son niveau de croisière, montée en cadence de la production d'A320, amélioration de la compétitivité et développement du digital et de l'innovation.