L'avionneur européen a confirmé mardi en début de matinée un article du Financial Times de la veille en annonçant sans autres détails avoir conclu un accord de principe, ce qui a soutenu son cours en début de séance à la Bourse de Paris.

Dans un communiqué diffusé en début de soirée, Airbus a précisé que "sous réserve d'approbation judiciaire, ces accords conduiront Airbus à inscrire une provision de 3,6 milliards d’euros dans ses comptes de l'exercice 2019 pour le paiement d'amendes potentielles aux autorités françaises, britanniques et américaines".

Des audiences auront lieu simultanément le 31 janvier en France, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis afin de valider ces accords, a-t-il ajouté.

Airbus fait l'objet depuis des années d'enquêtes anticorruption sur sa façon de recourir à des intermédiaires pour ses ventes d'avions de ligne, une pratique qui n'a plus cours depuis 2014 selon ses dirigeants.

Le groupe a déjà dit par le passé coopérer aux enquêtes du PNF français, du SFO, le Serious Fraud Office britannique, et des autorités américaines.

"Les enquêtes des autorités mentionnées ci-dessus concernent des accusations de corruption ainsi que des déclarations inexactes faites aux autorités américaines en vertu du règlement américain sur les exportations de matériel militaire (International Traffic in Arms Regulations, ITAR)", a indiqué Airbus dans son communiqué.

TOURNER LA PAGE

Pour les analystes, la conclusion d'accords pour mettre fin à ces enquêtes est un développement positif et va permettre de tourner la page de ce scandale, évitant les perspectives de poursuites pénales qui auraient pu aboutir à une interdiction pour Airbus de participer à des appels d'offre publics aux Etats-Unis ou dans l'Union européenne.

La Bourse de Paris a salué cet accord en début de séance, le titre Airbus gagnant près de 3% dans les premiers échanges. Il a clôturé sur un gain de 1,01%, similaire à celui du CAC 40.

On ignore à ce stade si des personnes physiques, qui ne sont pas couvertes par cet accord de principe passé au niveau de l'entreprise, pourraient faire l'objet de poursuites individuelles.

Au coeur du dossier se trouve un système d'agents datant de plusieurs décennies, géré par une unité du siège maintenant dissoute, qui comptait environ 250 personnes réparties dans le monde entier et se traduisait par plusieurs centaines de millions d'euros d'honoraires par an, selon des personnes au fait de la question.

L'ouverture des enquêtes pour corruption a contribué à accélérer le renouvellement de la direction d'Airbus ces dernières années, le groupe paraissant soucieux de présenter de nouveaux visages aux autorités dans l'espoir de conclure plus facilement des accords amiables, selon des sources.

Reuters a ainsi rapporté en octobre 2018 que le conseil d'administration d'Airbus avait choisi de hâter le départ du directeur financier Harald Wilhelm - ce qui avait provoqué la démission surprise de celui-ci -, tout en reconnaissant qu'il avait été à l'origine de l'audit interne et de l'arrêt de cette pratique des intermédiaires.

Airbus s'est séparé en 2018 de plus de 100 salariés et a émis plus de 300 avertissements pour des raisons éthiques ou de respect des règles internes du groupe, ont dit à Reuters deux personnes ayant connaissance de ces données internes.

En 2017, le motoriste aéronautique Rolls-Royce avait dû s'acquitter d'une amende de 809 millions de dollars (environ 735 millions d'euros) pour clore un litige avec les autorités américaine, britannique et brésilienne.

(Version française Nicolas Delame, Bertrand Boucey, Henri-Pierre André et Jean-Stéphane Brosse)

par Sudip Kar-Gupta et Tim Hepher