Le plus grand avion de ligne au monde, capable de transporter 544 passagers, avait été conçu pour concurrencer le légendaire 747 de Boeing, mais n'a jamais réussi à s'imposer, les compagnies aériennes se tournant vers une génération d'appareils plus petits et plus maniables.

Confirmant cet arrêt de production que Reuters avait évoqué le premier, Airbus a indiqué qu'Emirates -le plus grand client de l'A380- avait décidé de réduire ses commandes du très gros porteur et d'opter pour 40 A330-900 et 30 A350-900, des appareils plus petits.

Au total, Emirates réduit son carnet de commandes d'A380 de 162 à 123 appareils.

"La conséquence de cette décision est que notre carnet de commandes n'est plus suffisant pour nous permettre de maintenir la production de l'A380, et ce, malgré tous nos efforts de

ventes auprès d'autres compagnies ces dernières années", déclare dans un communiqué Tom Enders, le Président exécutif d'Airbus.

Airbus précise qu'il engagera des discussions avec ses partenaires sociaux dans les semaines à venir concernant les 3.000 à 3.500 postes susceptibles d'être affectés par cette décision dans les trois prochaines années.

Sur RTL, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a ainsi appelé Airbus a reclasser les salariés concernés et à ce qu'il n'y ait aucun impact sur l'emploi.

DES RÉSULTATS ET DES PERSPECTIVES JUGÉES SOLIDES

La compagnie Emirates, qui a construit sa marque mondiale autour de l'A380 et du Boeing 777 et qui possède également 100 superjumbos Airbus dans sa flotte, s'est dite déçue par l'arrêt de la production du très gros porteur.

"Emirates est un fervent partisan de l'A380 depuis sa création", a déclaré le président de la compagnie, Cheikh Ahmed ben Saïd al-Maktoum.

Cette décision a été prise après l'échec des négociations entre Emirates et le britannique Rolls-Royce sur la motorisation de l'avion.

L'A380, qui a effectué son vol inaugural en 2005, a constitué une étape majeure dans les efforts déployés par Airbus pour se porter à la hauteur de son concurrent Boeing.

Mais les ventes des plus gros quadrimoteurs ont diminué en raison du développement d'offres alternatives représentées par les Boeing 787 et 777 ou le nouveau long-courrier A350 d'Airbus.

La fin du programme de l'A380 - qui fait l'objet d'une provision de 463 millions dans les comptes 2018 d'Airbus - est la dernière décision importante prise par Tom Enders, qui cédera la place à Guillaume Faury en avril.

L'annonce de l'arrêt de l'A380 a fait passer au second pan les résultats, meilleurs que prévu, publiés jeudi par le constructeur.

A 9h13, le titre Airbus enregistrait une des plus fortes progression de l'indice européeen Stoxx 600, avec un gain de 5,7674% à 110,4 euros.

Le leader européen de l'aéronautique, l'espace et la défense a annoncé un Ebit ajusté à 5,8 milliards (+83%) sur la base d'un chiffre d'affaires de 64 milliards (+8%) sur l'année, les résultats du 4e trimestre étant supérieurs aux attentes.

Airbus table sur 880 à 890 livraisons d'appareils en 2019 avec une hausse de 15% de son résultat d'exploitation.

(Version française Jean-Michel Bélot et Catherine Mallebay-Vacqueur, édité par Jean-Michel Bélot)

par Tim Hepher