Airbus a annoncé jeudi une nouvelle réduction de la production de son long-courrier A350 et des pertes plus importantes que prévu au deuxième trimestre de l'année, mais les investisseurs ont surtout retenu les déclarations encourageantes du constructeur aéronautique européen en matière de trésorerie.

La crise a tout particulièrement pénalisé les ventes de long-courriers, dont le retour à la normale n'est pas attendu par Airbus avant 2023 voire 2025.

Le groupe a ainsi réduit la cadence de production de l'A350 à cinq appareils par mois, après l'avoir déjà ramenée de 9,5 à six en avril.

Comme son concurrent américain Boeing - qui a réduit également la production de ses 787 et 777 - le constructeur européen a été violemment impacté par la crise sanitaire, qui a donné un coup d'arrêt au transport aérien, poussant les compagnies à reporter ou annuler leurs commandes.

"Nous pensons que ce sera une très lente et très longue reprise", a déclaré à la presse le président exécutif, Guillaume Faury à propos de l'activité du transport aérien.

Airbus a annoncé le 30 juin dernier son intention de supprimer 15.000 postes d'ici l'été 2021, dont un tiers en France afin de faire face à la crise.

"Nous réduisons les coûts partout compte tenu de cette situation", a souligné Guillaume Faury.

FORTE HAUSSE DU TITRE, STABILISATION DE LA TRÉSORERIE

Airbus a accusé une perte d'exploitation ajustée (Ebit) de 1,236 milliard d'euros au deuxième trimestre, son chiffre d'affaires reculant pour sa part de 55% à 8,317 milliards.

Les analystes tablaient en moyenne sur un chiffre d'affaires de 8,552 milliards d'euros et une perte d'exploitation ajustée de 1,027 milliard, selon le consensus compilé par la société.

Le groupe a passé dans ses comptes une charge de 900 millions liée aux conséquences de la crise et pourrait provisionner entre 1,2 et 1,6 milliard supplémentaires dans le cadre de la restructuration en cours.

Le constructeur, qui a accusé une perte nette de 1,9 milliard d'euros au premier semestre, a suspendu ses prévisions annuelles faute de visibilité sur l'impact du coronavirus.

Toutefois, Guillaume Faury a donné une indication en précisant que le groupe entendait ne pas consommer de trésorerie au second semestre 2020, après avoir brûlé 4,4 milliards d'euros au 2e trimestre.

A 10h06, le titre gagnait 4,8086% à 65,17 euros, enregistrant ainsi la plus forte progression de l'indice CAC 40 (-0,38%), les investisseurs jugeant rassurants les propos sur la trésorerie.

La crise a lourdement pesé sur le cash-flow des entreprises du secteur aéronautique. Mais Airbus a précisé avoir stabilisé sa trésorerie au deuxième trimestre grâce aux mesures draconiennes de réduction de coûts, ceci après avoir dû s'acquitter au début de l'année d'une amende record de 3,6 milliards d'euros liée au règlement d'un litige aux Etats-Unis, en France et au Royaume-Uni sur des soupçons de corruption.

Dans une affaire distincte, le Serious Fraud Office britannique a convoqué mercredi GPT, une filiale d'Airbus, en raison de soupçons de corruption entre 2007 et 2012 dans le cadre d'un contrat de 3,3 milliards de dollars pour fournir des systèmes de communication à la garde nationale saoudienne.

Airbus a déclaré que cette affaire relevait "d'accords contractuels" passés avant le rachat de la société en 2007, mais qui se sont poursuivis par la suite. GPT a mis fin à ses activités en avril.

(Tim Hepher, version française Jean-Michel Bélot, édité par Blandine Hénault et Jean-Stéphane Brosse)

par Tim Hepher