Mobile (awp/afp) - Airbus a posé mercredi la première pierre d'une seconde ligne d'assemblage à Mobile, dans le sud des Etats-Unis, dédiée au petit dernier de sa gamme, l'A220, avec l'objectif de poursuivre sa croissance sur le marché américain, l'arrière-cour de son rival Boeing.

"Nous continuons à croître", a déclaré Jeff Knittel, patron d'Airbus Americas, en retraçant le parcours de l'avionneur européen depuis son premier contrat aux Etats-Unis, en 1978 avec Eastern Airlines, devenue la compagnie de lancement de l'A300 dans le pays. Ce premier contrat a marqué la percée d'Airbus en Amérique du nord.

"Aujourd'hui, plus de 1.500 de nos avions volent aux Etats-Unis", a-t-il ajouté, en soulignant que l'A220 volerait lui aussi bientôt dans le ciel américain.

La production des avions doit démarrer au troisième trimestre et la livraison du premier A220 assemblé à Mobile est prévue en 2020.

La nouvelle chaîne d'assemblage A220 ne sera cependant définitivement terminée que l'année prochaine. Elle produira des A220 à une cadence de production de quatre appareils par mois à l'horizon 2025.

"Je vous promets que c'est la dernière fois que je préside une cérémonie de pose de première pierre", a plaisanté Tom Enders, qui laissera les rênes de l'entreprise à Guillaume Faury au printemps.

Pour croitre plus vite aux Etats-Unis, Airbus a pris la décision stratégique de s'implanter industriellement dans le pays. Cette ligne d'assemblage s'ajoute ainsi à celle de l'A320, implantée en 2015, également à Mobile (Alabama).

Cette stratégie permet à Airbus de se prévaloir de produire "local" et de créer des emplois aux Etats-Unis.

Airbus se targue d'avoir dépensé 48 milliards de dollars aux Etats-Unis au cours des trois dernières années, y compris pour les composants américains des avions, ce qui se traduit par plus de 275.000 emplois américains soutenus par l'avionneur, assure-t-il.

Premier marché pour l'A220

"Nous ne sommes pas en concurrence avec les Etats-Unis. Nous sommes en concurrence aux Etats-Unis", a résumé Jeff Knittel.

Pour Airbus, l'investissement sur cette nouvelle ligne d'assemblage s'élève à 300 millions de dollars, qui se répartit proportionnellement entre les actionnaires du programme A220.

Airbus et Bombardier se sont alliés autour de l'ex-programme CSeries du groupe québécois avec 50,01% des parts à Airbus, 31% à Bombardier et 19% pour le gouvernement du Québec.

Il s'ajoute à l'investissement de 600 millions de dollars pour la ligne d'assemblage de l'A320 déjà en place. Airbus y produit 4,5 avions par mois actuellement et veut atteindre une cadence de cinq appareils à l'avenir.

La ligne d'assemblage de l'A220 à Mobile vient compléter celle de Mirabel, au nord-ouest de Montréal, site historique de l'appareil. Cette dernière a produit 33 appareils en 2018 et en assemblera 10 par mois à l'horizon 2025. Sur le papier, celle de Mobile est destinée à répondre au marché américain.

"Les Etats-Unis sont le marché le plus important pour l'A220", a martelé Jeff Knittel. Et alors que l'appareil a accumulé plusieurs commandes importantes depuis la prise de contrôle effective du programme par Airbus cet été, il s'est dit convaincu que l'appareil serait un succès commercial.

"Nous discutons avec plusieurs compagnies et je suis très optimiste sur l'issue de ces discussions", a-t-il déclaré, sans plus de précision. Et à ceux qui s'inquiètent que la capacité de production de l'A220 ne soit trop importante par rapport au marché, il a répondu qu'il n'était pas inquiet de la capacité d'Airbus à remplir le carnet de commandes.

En attendant, Airbus réfléchit déjà à une évolution de l'avion, a indiqué Guillaume Faury, patron de la branche commerciale de l'avionneur. "Nous allons faire croitre le produit à l'avenir, le développer dans plusieurs directions", a-t-il déclaré en soulignant que cela ne signifie pas nécessairement de l'allonger afin d'en augmenter la capacité en passagers.

A terme, Airbus vise 50% des parts de marché des moyen-courriers de 100 à 150 places dans les 20 prochaines années.

afp/rp