L'avionneur européen a annoncé lundi avoir battu son rival américain en 2017 dans la bataille des commandes pour la cinquième année d'affilée, avec un total net de 1.109 avions vendus (+52%) contre 912 pour l'américain.

Mais en termes de livraisons, c'est Boeing qui a mené le bal avec un record 763 avions produits l'an passé contre 718 pour Airbus.

Fabrice Brégier, le directeur général adjoint d'Airbus et président des avions commerciaux qui devrait quitter ses fonctions en février, a dit prévoir une accélération de la montée en cadence de production en 2018.

"Je ne suis pas le dirigeant sortant qui dit: maintenant, tout est parfait, il suffit d'appuyer sur un bouton pour livrer", a-t-il lors d'une conférence téléphonique, jugeant "gérables" les défis qui attendent Airbus.

"Je parie qu'en 2020 nous livrerons plus d'avions que Boeing" pour la première fois depuis 2011, a-t-il ajouté, mettant avant le carnet de commandes de 7.265 appareils d'Airbus à la fin 2017.

Yan Derocles, analyste chez Oddo Securities, note que l'objectif de livraisons pour 2018 est en ligne avec ses propres prévisions.

"Le ton sur les moteurs du A320neo ressort plus confiant, ce qui donne un peu plus de crédit à cet objectif", souligne-t-il.

Airbus a manqué l'an passé son objectif, avec 181 A320neo - version améliorée de son monocouloir vedette - livrés contre environ 200 attendus, en raison des retards du moteur fourni par Pratt & Whitney (groupe United Technologies) et des difficultés rencontrées par celui de CFM, coentreprise entre Safran et General Electric.

Fabrice Brégier s'est dit "raisonnablement" confiant dans la capacité des deux motoristes à livrer à temps.

"S'ils le font, c'est très simple, nous doublerons le nombre d'(A320)neo", a-t-il dit.

Environ les deux tiers des A320 livrés cette année seront équipés de moteurs neo et un tiers de moteurs classiques (ceo) alors que la proportion était inverse en 2017.

"Si nous faisons cela, nous nous approcherons de 800 livraisons en 2018", a-t-il ajouté.

PAS DE VERSION ÉTENDUE DE L'A350-1000 POUR L'INSTANT

C'est sur le marché des gros porteurs qu'Airbus se trouve en difficulté, voyant sa part de marché face à Boeing chuter à 25% en 2017 contre 51% en 2016.

L'A380 n'a engrangé aucune commande l'an passé et a même enregistré deux annulations. Boeing a lui aussi accusé des annulations sur le 747 sur ce même marché long courrier.

L'avenir de l'A380 tient à une commande de la compagnie du Golfe, Emirates, de loin le premier client du modèle.

"Si nous ne pouvons pas conclure avec Emirates, il n'y aura pas d'autre choix que d'arrêter le programme", a souligné John Leahy, qui doit prendre sa retraite prochainement alors que son successeur Eric Schulz, doit arriver fin janvier.

Sous l'effet de la concurrence de bimoteurs plus petits, Airbus a redit son intention de ramener, à terme, la production de l'A380 à six unités par an - confirmant une information de Reuters - contre 15 en 2017, 12 en 2018 et huit en 2019, à comparer à un pic annuel de 30 unités, en attendant une reprise de la demande.

Dans ce contexte, Airbus n'envisage pas à ce stade de lancer une version étendue de l'A350-1000, le plus grand des deux modèles du long-courrier.

"Nous devons être cohérents. Nous ne pouvons pas dire que le marché des très gros avions est difficile en ce moment et que nous lançons le (A350)-2000. Concentrons-nous sur le 900 et le 1000", a souligné Fabrice Brégier.

Une fois arrivée une nouvelle génération de moteurs, Airbus pourra se reposer la question de savoir s'il peut lancer une version élargie de l'A350-1000 pour répondre à une demande potentielle supplémentaire dans les années à venir, a-t-il poursuivi.

A la Bourse de Paris, le titre Airbus perd 0,59% à 13h39, alors que le CAC-40 perd 0,08% à la même heure.

(Cyril Altmeyer et Tim Hepher, édité par Pascale Denis)

par Cyril Altmeyer et Tim Hepher