(Actualisation: mesures détaillées, déclaration du ministre de l'Economie sur l'emploi, de la ministre des Armées sur le planning des commandes du Rafale)

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le gouvernement a dévoilé mardi un plan de soutien au secteur aéronautique, filière mise à mal par la pandémie de coronavirus, d'un montant total de 15 milliards d'euros.

"Nous décrétons ce matin l'état d'urgence pour sauver notre industrie aéronautique et lui permettre d'être plus compétitive et décarbonée", a déclaré le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire.

Ce plan intègre l'aide de 7 milliards d'euros accordés à Air France-KLM sous forme de prêts directs et de prêts garantis par l'Etat. Il contient notamment deux fonds de 1 milliard d'euros et de 300 millions d'euros à destination des PME et des ETI de la filière.

Le premier fonds, qui vise à renforcer les fonds propres, disposera de 500 millions d'euros dès l'été. Il sera abondé à hauteur de 200 millions d'euros par les pouvoirs publics, 200 millions d'euros par les quatre grands industriels, Airbus, Safran, Thales et Dassault Aviation, ainsi que 100 millions d'euros par le futur gestionnaire du fonds.

A terme 500 millions d'euros supplémentaires devront être levés pour abonder davantage ce fonds. Le second fonds de 300 millions, servira à accélérer la numérisation et la robotisation des PME-ETI.

Parmi les autres mesures prises par le gouvernement, l'exécutif a autorisé un moratoire sur le remboursement des crédits à l'export des compagnies aériennes, qui pourront les reporter de 12 mois. "Cela représente un coût en trésorerie pour l'Etat de 1,5 milliard d'euros", a expliqué Bruno Le Maire.

Un avion neutre en carbone dès 2025

Ce plan prévoit également de débloquer 1,5 milliard d'euros d'ici à fin 2022 pour financer le développement d'un avion neutre en carbone dès 2035, via le Conseil pour la recherche aéronautique civile (Corac) qui fédère l'ensemble des acteurs du secteur.

Pour préserver les compétences dans un secteur qui représente 300.000 emplois directs et indirects, le gouvernement mettra en place un système d'activité partiel de longue durée "ambitieux", a expliqué Bruno Le Maire. Cela "permettra d'éviter les licenciements et la perte de savoir-faire", a poursuivi le ministre.

"La chute des commandes ne doit pas détruire des compétences que nous avons mis des décennies à construire", a ajouté Bruno Le Maire. Les modalités de ce dispositif sont actuellement négociées par la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, avec les partenaires sociaux et devraient être dévoilées au cours des prochaines semaines.

"Les aides que nous apportons doivent permettre à Airbus, Thales, Dassault et Safran, de préserver au maximum les emplois en France", a également fait valoir Bruno Le Maire, prévoyant toutefois qu'il "y aurait des ajustements nécessaires".

Le ministre a estimé que sans aide immédiate du gouvernement, 100.000 emplois dans l'aéronautique auraient été menacés dans les six prochains mois.

Au niveau militaire, environ 800 millions d'euros de commandes publiques militaires vont être passées par l'exécutif, a annoncé Bruno Le Maire. Le ministère des Armées va notamment acquérir des avions A330 et des hélicoptères Caracal. La ministre des Armées, Florence Parly, a également indiqué qu'une décision serait prise dans "les semaines qui viennent" concernant l'évolution du planning des commandes de l'avion de chasse de Dassault Aviation, le Rafale.

-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH

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