Paris (awp/afp) - L'agence de notation financière S&P a annoncé vendredi avoir abaissé d'un cran la note à long terme d'Airbus, à "A", assortissant cette dégradation d'une perspective négative.

La notation de l'avionneur européen reste dans la partie haute de l'échelle utilisée par S&P, celle des émetteurs solides, mais l'agence affirme dans un communiqué s'attendre à une chute de 30% de son chiffre d'affaires en 2020 et à une "rentabilité sensiblement affaiblie".

Si ses liquidités restent "exceptionnelles", l'agence relève que le groupe pourrait consommer 12 milliards d'euros de trésorerie en 2020.

L'avionneur a en effet consommé 8 milliards d'euros de trésorerie au premier trimestre, dont 3,6 milliards pour le paiement d'amendes en France, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis à l'issu d'un accord conclu en janvier dans des affaires de corruption. En excluant ces pénalités, la diminution de trésorerie est similaire à celle rencontrée au premier trimestre 2019, selon lui.

L'avionneur avait annoncé le 23 mars avoir obtenu une nouvelle ligne de crédit pour porter ses liquidités disponibles à 30 milliards d'euros contre 20 milliards précédemment.

"La perspective négative reflète l'incertitude" sur les prochaines évolutions, "en particulier la nécessité éventuelle pour Airbus de réduire encore sa production et de s'engager dans un niveau de restructuration plus élevé que prévu actuellement", estime par ailleurs l'agence.

Le plongeon du trafic aérien mondial, qui ne pourrait retrouver son niveau de l'an passé qu'en 2023, a mis les compagnies aériennes à genoux.

"Afin de préserver leurs liquidités pendant la crise, les compagnies aériennes cherchent à reporter les livraisons et ne passeront probablement pas de nouvelles commandes tant qu'une reprise significative du volume des voyages aériens ne se sera pas matérialisée", explique Tuomas Ekholm, analyste chez S&P, cité dans le communiqué.

Airbus a déjà annoncé la diminution de sa cadence de production d'environ un tiers, passant par exemple de 60 avions de la famille A320 produits avant l'épidémie à 40 mensuels.

Sur le segment long-courrier (A330 et A350), S&P dit toutefois s'attendre à un impact sur la production encore plus sévère, cette activité étant déjà en surcapacité avant la crise et la reprise du trafic international longue distance plus longue à redémarrer.

Toutefois, "nous ne considérons pas que le modèle commercial d'Airbus soit affaibli à long terme", note Tuomas Ekholm.

Devant des cadres du groupe, le président exécutif d'Airbus Guillaume Faury n'a pas caché qu'un plan de restructuration qui comprendra des suppressions d'emploi sera nécessaire pour faire face à la situation mais qu'il était "trop tôt" pour avoir une idée claire de l'ampleur des mesures à prendre, selon des sources concordantes.

L'américain Boeing, qui était déjà empêtré depuis plus d'un an avec les déboires de son Boeing 737 MAX, a de son côté annoncé fin avril la suppression de 10% de ses effectifs, soit 16.000 emplois. S&P avait dégradé dans la foulée sa note de solidité financière de A- à BBB, la reléguant désormais à un cran de la catégorie spéculative.

afp/al