Nokia a confirmé s'intéresser à Alcatel-Lucent, mais non pas à ses seules activités réseaux mobiles, le scénario évoqué à plusieurs reprises récemment, mais à la totalité du groupe. Une perspective qui a propulsé l'action de l'équipementier télécoms français en tête de l'indice CAC 40, avec un gain de 12,63% à 4,351 euros. En revanche, Nokia chute de 6,56% à 7,26 euros à la Bourse d'Helsinki. Les deux groupes ont seulement précisé être en discussions sur un possible rapprochement, qui pourrait prendre la forme d'une offre d'échange en actions de Nokia sur Alcatel-Lucent.

Avant d'ajouter qu'il n'existait aucune certitude à ce stade que ces discussions aboutissent.

La capitalisation du groupe finlandais représente plus du double de celle du français, 27 milliards d'euros contre 12 milliards, en raison de ses meilleures performances opérationnelles. L'année dernière, Nokia a réalisé un chiffre d'affaires de 12,7 milliards d'euros et un bénéfice net de 1,2 milliard tandis qu'Alcatel-Lucent a enregistré des ventes de 13,2 milliards et une nouvelle perte nette, de 118 millions d'euros.

Plusieurs analystes réagissant ce matin sur les dernières rumeurs d'un rachat des seules activités réseaux mobiles ne croyaient pas au scénario d'un rapprochement complet. CM-CIC rappelle ainsi que 7 ans après leur fusion, Alcatel et Lucent étaient encore en phase de restructuration.

D'autres obstacles risquent de compliquer cette opération. La réaction du gouvernement français est ainsi particulièrement attendue. Si le ministère de l'Economie n'a pas fait de commentaires aujourd'hui, une source qui lui est proche a déclaré à Reuters que l'Etat serait « très attentif » aux éventuelles conséquences de ce rapprochement sur l'emploi et l'activité des sites français d'Alcatel-Lucent, notamment en R&D.

Sur le plan industriel, une telle opération permettrait à Nokia de se renforcer dans les réseaux mobiles sur le très rentable marché américain où il était distancé par le numéro un mondial, Ericsson, et Alcatel-Lucent. Comme l'explique Oddo, elle serait également l'occasion pour le groupe finlandais d'acquérir l'expertise en routeur IP et en optique de plus en plus nécessaire pour être compétitif dans les réseaux mobiles et la virtualisation des réseaux télécoms.

(C.J)