Zurich (awp) - Le géant des produits et dispositifs ophtalmiques Alcon a poursuivi sa croissance au 2e trimestre. Le chiffre d'affaires a augmenté de 2% à 1,86 milliard de dollars (+5% à taux de change constants). En revanche, la séparation d'avec la maison-mère Novartis et la réforme fiscale ont débouché sur une perte sèche de 390 millions, contre un bénéfice net de 15 millions un an plus tôt.

Un nouveau calcul des impôts de la société en Suisse a pesé à lui seul pour 301 millions de dollars.

Au niveau opérationnel, le déficit atteint 53 millions de dollars, contre un excédent de 38 millions un an auparavant. Cette perte inclut des amortissements sur valeurs immatérielles de 258 millions et des frais de 78 millions liés à la séparation d'avec Novartis.

Le deuxième trimestre est le premier qu'Alcon a bouclé en entreprise indépendante. L'émancipation du giron de Novartis est intervenue début avril.

Le résultat d'exploitation de base, dans lequel les amortissements ne sont pas inclus, a baissé de 3% à 310 millions de dollars, soit une marge de 16,6% après 17,2% au 2e trimestre 2018.

Les chiffres communiqués par Alcon ne satisfont pas tout à fait les attentes. Le consensus AWP était à 1,87 milliard de dollars pour le chiffre d'affaire, 12 millions pour la perte opérationnelle et 315 millions pour l'excédent opérationnel de base.

Retour de l'innovation dans les lentilles

La division Vision Care (lentilles de contact et soins) a retrouvé le chemin de la croissance après avoir faibli au 1er trimestre. Le chiffre d'affaires a augmenté de 6% tcc à 812 millions de dollars.

Le lancement d'une nouvelle génération de lentilles, prévu en septembre aux Etats-Unis et en 2020 dans le reste du monde, devrait soutenir la croissance. D'ici là, "Vision Care risque d'évoluer un peu en retrait du marché des lentilles de contact", a reconnu en conférence téléphonique le directeur financier Tim Stonesifer.

La division Surgical (dispositifs chirurgicaux et implantables) a augmenté ses ventes de 5% à 1,05 milliard de dollars et devrait continuer dans l'immédiat à croître plus rapidement que le marché des dispositifs ophtalmiques.

Le groupe se montre satisfait de ses résultats et confirme ses ambitions pour l'ensemble de l'exercice. Alcon vise une croissance de 3 à 5% à taux de change constants et une marge opérationnelle de base de 17-18%. Le taux fiscal effectif de base devrait se situer entre 17 et 19%.

"Nous sommes à la recherche de nouvelles acquisitions pour alimenter notre croissance, à l'image de Powervision", a indiqué le directeur général David Endicott. Mi-mars, Alcon avait repris son concurrent américain pour un montant initial de 285 millions de dollars, auquel pourront s'ajouter divers versements non précisés en fonction du franchissement de jalons réglementaires et commerciaux dès 2023.

Longtemps, Alcon a été l'enfant à problèmes de Novartis. L'entreprise avait toutefois retrouvé le chemin de la croissance avant même son autonomisation de Novartis. Sur le moyen terme, elle vise une croissance un peu supérieure à celle du marché.

Le dernier arrivé du SMI s'est fixé pour objectif une progression annualisée de jusqu'à 6% d'ici 2023. Dans le même temps, le marché devrait croître de 4% environ. La marge opérationnelle de base devrait se situer d'ici 2023 au-dessus du niveau de 20%.

Saluant une croissance trimestrielle honorable, les analystes soulignent que des progrès restent à accomplir en matière de rentabilité. La modeste hausse de la contribution de Vision Care ne change rien à son statut de point faible de l'entreprise, remarque la Banque cantonale de Zurich (ZKB).

Les détenteurs de capitaux partageaient visiblement le manque d'enthousiasme des experts financiers, sanctionnant mercredi la nominative Alcon (-1,3% à 59,84 francs suisses), dans un SMI ayant engrangé 0,8%.

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