Dans un communiqué commun, les deux groupes expliquent que l'offre de 1,2 milliard de dollars (près de 1,0 milliard d'euros) d'Ant Financial sur MoneyGram n'a pas reçu l'aval du Comité américain des investissements étrangers (CFIUS).

Ce dernier se prononce sur les opérations transfrontalières susceptibles de poser un risque pour la sécurité nationale.

"Malgré nos efforts incessants pour travailler de manière constructive avec le gouvernement américain, il est maintenant devenu clair que le CFIUS n'autorisera pas cette fusion", a déclaré Alex Holmes, le directeur général de MoneyGram.

L'action MoneyGram chutait de 8,5% à 12,06 dollars dans les échanges d'après-Bourse à Wall Street, à un plus bas de près d'un an.

Selon des sources proches du dossier, MoneyGram et Ant ont proposé à trois reprises des concessions pour tenter d'obtenir le feu vert du CFIUS, dont les inquiétudes portaient principalement sur la sécurité de données pouvant servir à identifier des citoyens américains.

Le veto du CFIUS représente un revers pour Jack Ma, le fondateur et président exécutif d'Alibaba, qui avait promis en janvier 2017 à Donald Trump, alors président-élu, de créer un million d'emplois aux Etats-Unis.

Le gouvernement américain a durci sa position sur les prises de contrôles de sociétés américaines par des entités chinoises au moment où Trump accentue la pression sur Pékin dans le dossier nord-coréen et en matière d'échanges commerciaux.

Le CFIUS a ainsi bloqué le projet d'acquisition de l'assureur vie Genworth Financial par China Oceanwide Holdings Group pour 2,7 milliards de dollars, le rachat de la firme de marketing mobile AppLovin par le fonds chinois Orient Hontai Capital pour 1,4 milliard de dollars et l'OPA de 1,3 milliard de dollars du fonds Canyon Bridge Capital Partners sur le fabricant de puces Lattice Semiconductor.

En revanche, le CFIUS avait donné son feu vert au rachat en 2016 par Ant Financial d'EyeVerify, une société américaine spécialisée dans les technologies oculaires.

"L'issue la plus probable à présent est que MoneyGram se vendra à quelqu'un d'autre et Euronet est une entreprise qui a manifesté son intérêt par le passé", a observé Gil Luria, analyste de D.A. Davidson.

Ant Financial avait obtenu en avril le soutien de MoneyGram à son offre après avoir relevé de 36% son prix, à 18 dollars par action, écartant ainsi une proposition concurrente et non sollicitée d'Euronet Worldwide, société basée aux Etats-Unis. L'offre d'Ant Financial était en outre en espèces alors qu'Euronet proposait l'équivalent de 15,20 dollars en actions.

Euronet a estimé qu'il existait une "logique commerciale évidente" à un rapprochement avec MoneyGram. "Alors même que nous continuons de considérer qu'une transaction avec MoneyGram serait logique, rien ne garantit qu'une offre soit soumise ou qu'une transaction se fasse en définitive", a-t-il dit.

Ant Financial a versé à MoneyGram une indemnité de rupture de 30 millions de dollars.

(avec les contributions de Nikhil Subba et Vibhuti Sharma à Bangalore, Véronique Tison pour le service français)

par Greg Roumeliotis