SumOfUs, une ONG américaine qui milite pour limiter le pouvoir des grandes entreprises, devrait présenter une motion en ce sens lors de l'assemblée générale du groupe prévue ce mercredi à Sunnyvale, en Californie.

"Les autorités aux Etats-Unis et en Europe restent préoccupés par le pouvoir d'Alphabet au regard des restrictions imposées aux monopoles", peut-on lire dans cette motion. "Nous pensons qu'une réduction volontaire stratégique de la taille du groupe pourrait apporter aux actionnaires plus de valeur qu'une vente d'actifs imposée par les autorités de régulation."

La proposition n'a quasiment aucune chance d'être adoptée car les deux fondateurs du géant d'internet, Larry Page et Sergey Brin, contrôlent 51,3% des votes.

Elle montre cependant que l'hypothèse d'une éventuelle action contre Alphabet et d'autres grandes entreprises technologiques comme Facebook et Amazon.com est en train de s'installer dans les esprits. Ces grands groupes sont critiqués pour l'exploitation qu'ils font des données personnelles de leurs utilisateurs et sont accusés d'exercer une influence excessive sur la diffusion des informations dans le monde.

Le président américain Donald Trump a souvent critiqué Google, affirmant sans preuves que son moteur de recherche générait des résultats qui lui étaient défavorables. Il a suggéré aux autorités de régulation aux Etats-Unis d'emboîter le pas à l'Europe et d'examiner de près les monopoles des entreprises technologiques, sans préconiser de solution en particulier.

MANIFESTATIONS

Le département américain de la Justice et la Federal Trade Commission (FTC), l'autorité en matière de concurrence aux Etats-Unis, se préparent à ouvrir d'éventuelles enquêtes sur les pratiques de Google, Amazon, Apple et Facebook afin de déterminer s'ils ont abusé d'une position dominante, ont rapporté le mois dernier des sources à Reuters.

Cette proposition d'une scission de Google est l'une des 13 motions soumises au vote lors de l'AG.

Des manifestations sont en outre prévues devant l'auditorium qui accueillera l'AG de Google, notamment de la part de groupes tibétains et ouïghours qui dénoncent les projets de Google en Chine. Des militants locaux prévoient aussi de se rassembler pour exiger de Google davantage d'efforts pour lutter contre la pénurie de logements dans la Silicon Valley.

Dans des documents destinés à ses actionnaires, Google affirme que ses politiques existantes s'attaquent déjà aux problèmes soulevés dans les diverses motions, sans plus de commentaire.

Google a arrêté le développement d'un moteur de recherche spécialement conçu pour la Chine censurant certaines réponses et a interdit l'utilisation de ses outils d'intelligence artificielle pour la fabrication d'armes à la suite de pétitions de salariés et de militants extérieurs au groupe.

"Nous avons commencé par prêcher dans le désert sur certaines de ces questions mais ces débats sont arrivés sur le devant de la scène", a déclaré Sondhya Gupta, de SumOfUs.

(Claude Chendjou pour le service français, édité par Bertrand Boucey)

par Paresh Dave

Valeurs citées dans l'article : Apple, Facebook, Amazon.com, Alphabet