San Francisco (awp/afp) - La pression croissante des autorités pour réguler les géants d'internet ne semble pas avoir d'impact sur la santé financière d'Alphabet, la maison mère de Google, qui a publié jeudi un bénéfice net de près de 10 milliards de dollars (à peine moins en francs suisses) au deuxième trimestre, largement supérieur aux attentes du marché.

Les efforts entrepris pour mieux assurer la sécurité des enfants sur YouTube, par exemple, "ont eu un impact négligeable sur les revenus de la plateforme", a ainsi souligné Sundar Pichai, PDG de Google, lors de la conférence pour les analystes.

Google risque de se voir infliger une amende par l'agence américaine de protection des consommateurs (FTC) pour ne pas avoir suffisamment protégé les enfants des contenus nocifs et de la collecte des données sur sa plateforme de vidéos. En février, le géant d'internet a supprimé les commentaires sur les vidéos des plus jeunes.

"Nous prenons toutes les mesures nécessaires pour protéger l'écosystème de YouTube, quel que soit l'impact sur nos revenus. Mais il faut bien noter que retirer les contenus contraires à nos règles, cela n'a aucune conséquence pour les revenus de YouTube", a insité Sundar Pichai.

Alphabet, qui a dégagé un chiffre d'affaires de 38,9 milliards de dollars au deuxième trimestre, en hausse de près de 20% sur un an, a autorisé le rachat d'actions à hauteur de 25 milliards de dollars, une opération bien accueillie par les investisseurs.

Son titre bondissait de plus de 8% lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse.

En plus de ses ventes publicitaires, le groupe bénéficie d'une base de comparaison favorable par rapport à l'année dernière, quand son bénéfice net avait été affecté par des amendes de plus de 5 milliards de dollars infligées par la Commission européenne notamment pour position dominante de son système d'exploitation Android.

Régulation

Les revenus publicitaires de Google ont à eux seuls représenté 32,6 milliards de dollars, en hausse de 14% sur un an.

Des résultats qui permettent à la firme de Mountain View de juguler les craintes du marché liées à un ralentissement de la croissance dans son coeur de métier, tel qu'observé depuis un an.

Le moteur de recherche, capable de vendre aux annonceurs un ciblage personnalisé et à très grande échelle des consommateurs, capte 31% de parts de marché de la publicité numérique dans le monde, d'après eMarketer.

Une position dominante qui attire de plus en plus l'attention des autorités. Bruxelles a déjà infligé à Google trois lourdes amendes pour abus de position dominante (plus de 8 milliards d'euros en tout).

Aux Etats-Unis, la FTC a lancé une vaste enquête sur les géants comme Google et les risques que ces monopoles peuvent poser pour les consommateurs.

"Ce n'est pas nouveau pour nous", a nuancé Sundar Pichai. "Nous fonctionnons déjà avec beaucoup de régulations, qu'il s'agisse de la vie privée, de la concurrence, de la propriété intellectuelle, etc."

"Nous répondrons aux questions de façon constructive, et s'il y a des inquiétudes nous y répondrons aussi. Mais pour moi c'est important que nous restions concentrés sur la conception de produits qui aident les utilisateurs. C'est sur cela que nous devons mettre l'accent", a-t-il ajouté.

Alphabet investit aussi dans de nombreuses autres domaines: le "cloud" (informatique dématérialisée qui nécessite des centres de traitement des données), les solutions de paiement mobile, les appareils (téléphones, enceintes connectées), ou encore les voitures autonomes avec Waymo, à la pointe du secteur.

Ces activités, rassemblées dans la catégorie "autres paris" ("other bets"), ont rapporté 162 millions de dollars, et représenté 989 millions de pertes opérationnelles.

afp/jh