Zurich (awp) - Le groupe Alpiq a bouclé les six premiers mois de 2019 sur une perte nette IFRS de plus de 200 millions de francs suisses. Les recettes ont reculé d'environ 15% et l'excédent brut d'exploitation (Ebitda) a fondu de près de moitié, annonce l'énergéticien valdo-soleurois lundi.

Le chiffre d'affaires net a reculé de 14,8% en glissement annuel à 2,21 milliards de francs suisses. "La production suisse d'électricité est déficitaire, mais les activités en Europe ont apporté une contribution positive au résultat", a indiqué le groupe dans un communiqué.

L'Ebitda a chuté de 44,4% à 55 millions de francs suisses. Rapporté selon la norme comptable IFRS, il a en revanche quasiment doublé à 118 millions.

Toutefois, selon cette même norme, en raison d'amortissements et de dépréciations à hauteur de 324 millions, la perte avant intérêts et impôts (Ebit) a été plus que décuplée (-206 millions) et la marge correspondante s'est enfoncée à -9,2%, contre -0,7% un an plus tôt.

Endettement réduit

Grâce à la mise en oeuvre systématique de sa stratégie financière, la société a poursuivi la réduction de son endettement net à 217 millions de francs suisses, après 247 millions au bouclement de l'exercice 2018. Au 30 juin, le ratio des fonds propres s'établissait à 46,6%, en hausse de 3,1 points de pourcentage sur six mois.

Comme annoncé fin mars, Alpiq table pour l'ensemble de l'exercice sur un résultat opérationnel en recul, essentiellement en raison de la couverture des prix de l'électricité durant les années précédentes, "ce qui grève la production d'électricité suisse par rapport à la même période de l'année passée", selon le communiqué.

L'entreprise, qui entend finaliser d'ici la fin de l'année la vente de ses deux centrales au lignite tchèques, s'attend à partir de 2020 à un effet positif des prix du CO2 et de l'électricité sur les marchés de gros, qui sont couverts en francs suisses suisses deux à trois ans à l'avance.

En conférence de presse, le directeur général (CEO) et président du conseil d'administration Jens Alder s'est dit surpris par l'écho qu'ont suscité dans la presse les propos de l'actionnaire activiste Knight Vinke. La semaine dernière, ce dernier avait manifesté publiquement son opposition au projet de retrait obligatoire (squeeze-out) et de décotation d'Alpiq.

Actionnaire récalcitrant

"Nous et plusieurs autres investisseurs sommes d'avis que l'offre sous-valorise massivement l'entreprise, aussi n'allons-nous pas servir nos actions", a assuré le gestionnaire d'actifs institutionnels britannique, qui revendique 1,3% du capital-actions d'Alpiq. Selon lui, les 70 francs suisses par action proposés ne correspondent pas à la juste valeur du titre.

De son côté, le patron de l'énergéticien a assuré à AWP être en pourparlers réguliers avec les actionnaires, et que l'entreprise répondrait "en temps voulu" à la lettre de Knight Vinke, mais pas en public.

La copie rendue par le groupe valdo-soleurois correspond dans les grandes lignes aux attentes du marché, souligne la Banque cantonale de Zurich (ZKB) dans un commentaire.

En référence à l'offre de rachat sur les parts minoritaires, l'établissement signale que les petits actionnaires ont certes la possibilité de recourir aux voies légales pour obtenir un prix plus élevé, mais ils ne pourront s'opposer ni au squeeze-out ni à la transaction en soi.

"Même si nous jugeons le prix du rachat modeste, l'issue d'une telle procédure reste hautement incertaine", estime la ZKB

A la Bourse suisse, ces annonces n'ont pas suscité de remous. La nominative Alpiq a cédé sur la jorunée 0,3% à 70,10 francs suisses, alignée sur un SPI en retrait de 0,33%.

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