Dans un communiqué, Bouygues Construction et Colas, filiales du groupe de BTP, de médias et de télécoms, précisent que leur cible, spécialisée dans les services multi-techniques pour le bâtiment et pour les infrastructures d'énergie, industrielles et de transport, a réalisé l'an dernier un chiffre d'affaires d'environ 1,7 milliard de francs (1,45 milliard d'euros) avec près de 7.650 salariés.

"Cette acquisition positionne Bouygues Construction comme un acteur majeur de l’énergie et des services en Europe et s'inscrit ainsi pleinement dans sa stratégie de développement sur ce marché porteur", a expliqué le groupe diversifié dans un communiqué.

Selon un porte-parole, l'opération permettra à Bouygues Energie & Services d'atteindre 3,9 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel. L'activité énergie de Bouygues bondit ainsi à la cinquième place européenne, derrière Engie (13,8 milliards d'euros de CA), Vinci Energie (10,8 milliards), Spie (6,1 milliards) et Bilfinger (4 milliards), et dépassant Eiffage Energie (3,8 milliards).

"Cette acquisition permet à Bouygues d’augmenter de 50% la taille de sa division Energie et Services, mais également de renforcer sa présence en Suisse, en Allemagne et en Italie", commente Grégoire Laverne, gérant actions européennes chez Roche-Brune Asset Management.

Colas renforcera de son côté grâce à Alpiq ses activités ferroviaires en Grande-Bretagne.

FINALISATION ATTENDUE AU S2

Le secteur des infrastructures électriques fait depuis plusieurs années l'objet de grandes manoeuvres de la part de pure-players comme Spie ou des filiales énergie des géants du BTP. Tous sont attirés par la demande croissante pour des projets clés en main de plus en plus complexes, et donc rémunérateurs, et par la demande suscitée par la recherche d'économies d'énergie et le développement de la "smart grid".

Le marché est particulièrement prometteur en Allemagne, où un vaste programme de rajeunissement des infrastructures de transport d'électricité a vu le jour en raison de l'âge du réseau mais aussi de la décision du pays de sortir du nucléaire et de développer l'énergie éolienne.

Spie a ainsi grossi d'un quart fin 2016 avec le rachat de l'allemand SAG, valorisé 850 millions d'euros. Dans une interview à Reuters, Vinci Energie avait dit pour sa part à l'automne 2017 prévoir une poursuite de la consolidation dans son secteur, après avoir déjà engrangé sur neuf mois 450 millions d'euros de chiffre d'affaires additionnel grâce à 17 acquisitions petites et moyennes.

Eiffage a réalisé quant à lui deux opérations de croissance externe dans l'énergie depuis le début de l'année, en Espagne et aux Pays-Bas.

La finalisation de la transaction Bouygues-Alpiq - 700 millions de francs suisses seront apportés par Bouygues Construction et 150 millions par Colas - est attendue au second semestre 2018, sous réserve de l'aval des autorités de la concurrence européenne et suisse.

Une source proche de Bouygues a indiqué que la valorisation représentait 12 fois l'Ebit courant moyen d'Alpiq sur les trois derniers exercices, en ligne avec les multiples du secteur.

Alpiq Engineering Services fait partie du groupe de services collectifs et d'énergie Alpiq, qui a réalisé en 2017 un chiffre d'affaires net de 7,2 milliards de francs suisses.

Le groupe suisse, qui détient des capacités de production d'énergie en France, précise dans un communiqué séparé que la cession de ses activités industrielles lui permettra de générer une plus-value, sans en préciser le montant.

Des sources proches du dossier avait dit l'an dernier à Reuters que le groupe cherchait à vendre des participations majoritaires dans ses trois divisions déficitaires afin d'endiguer ses pertes chroniques dans les activités barrages, imputables à la faiblesse des prix de l'électricité.

"Avec ce deal, Alpiq peut réduire significativement sa dette", a indiqué un banquier impliqué dans la transaction.

Vers 12h07, l'action Bouygues gagne 0,63% à 40,01 euros à la Bourse de Paris. A Zurich, le titre Alpiq s'envole pour sa part de 5,47% à 77,1 francs suisses.

(Avec Blandine Hénault et Benoit Van Overstraeten, Arno Schuetze à Francfort, édité par Jean-Michel Bélot)

par Dominique Vidalon et Gilles Guillaume

Valeurs citées dans l'article : Bouygues, Eiffage, Vinci, ENGIE, Alpiq Holding AG, Bilfinger SE, SPIE