Si sur cinq séances glissantes, l'indice CAC 40 se replie de 1,4%, l'action de l'équipementier ferroviaire français Alstom abandonne près de 2,2% à la Bourse de Paris. Outre l'inquiétude générale du marché, le géant chinois CRRC va bientôt disposer d'un site industriel en Europe grâce à l'allemand Vossloh.

Si Alstom s'est vu interdire, le 6 février dernier, de fusionner avec la division Mobility de Siemens, les autres acteurs ne restent pas les bras croisés. Et surtout pas le premier d'entre eux, China Railway Rolling Stock Corporation (CRRC).

Le 26 août, au terme d'un processus long et difficile, l'allemand Vossloh a annoncé la cession de sa division dédiée aux locomotives à CRRC. Déjà numéro un mondial des équipementiers ferroviaires, le groupe d'Etat chinois, qui a vendu quelques rares trains en Europe centrale, signe ainsi son entrée industrielle sur le Vieux Continent. Les autorités de la concurrence, dont la Commission européenne qui avait bloqué la constitution de SiemensAlstom, doivent encore se prononcer sur l'opération.

Le montant que touchera Vossloh n'est pas connu, mais sa branche Locomotives était déficitaire, ce qui explique sans doute la longueur du processus et augure probablement d'un faible prix. Vossloh entend ainsi se recentrer sur les autres équipements ferroviaires, notamment ceux de voie et les services de maintenance, qui sont profitables.

Si CRRC risque de ne pas gagner d'argent avec cette acquisition dans un premier temps, il avance cependant ses pions en Europe. Schématiquement, les différences de normes ferroviaires sont telles qu'un train à grande vitesse produit par CRRC en Chine ne pourrait pas rouler sur le réseau européen. Mais avec les 'locos' allemandes de Vossloh, la donne pourrait changer : 'cette opération doit permettre à CRRC d'apprivoiser les processus européens d'homologation, afin d'investir un marché dont il est aujourd'hui absent', commentent les analystes d'Invest Securities ce matin.

Et les spécialistes de poursuivre : 'Les raisons qui poussaient Alstom à se rapprocher de Siemens étaient bien un risque fort dont la concrétisation se dessine beaucoup plus rapidement que prévu par la Commission européenne elle-même qui a refusé aux deux constructeurs de se regrouper face au géant Chinois.

'Cette opération est-elle de nature à ouvrir une nouvelle tentative de rapprochement entre Alstom et Siemens', s'interrogent-ils ?

EG


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