(Actualisé avec précisions supplémentaires)

par Gwénaëlle Barzic

PARIS, 25 janvier (Reuters) - La France va renforcer son contrôle des infrastructures télécoms dans la perspective du déploiement de la 5G, a-t-on appris vendredi auprès du ministère de l'Economie et des Finances, alors que la suspicion grandit autour de l'équipementier chinois Huawei.

Un amendement a été déposé ce vendredi au projet de loi Pacte imposant aux opérateurs de demander une autorisation avant de recourir à certains matériels jugés sensibles, formalisant et élargissant des contrôles informels déjà existants.

Ce nouveau dispositif ne vise aucun équipementier télécoms en particulier, a-t-on précisé à Bercy.

Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a déclaré mercredi devant le Sénat que le gouvernement français était "conscient des risques" liés à l'équipementier télécoms chinois Huawei et qu'il "prendra(it) les dispositions nécessaires quand il le faudra(it)".

Avec un chiffre d'affaires de 93 milliards de dollars (81,7 milliards d'euros) en 2017, Huawei est le premier équipementier télécoms mondial mais plusieurs pays occidentaux redoutent que Pékin n'utilise ses infrastructures à des fins d'espionnage.

Aucune preuve n'a jusqu'à présent été apportée pour étayer ces soupçons et le groupe a réfuté à de nombreuses reprises ces accusations.

La controverse a toutefois conduit plusieurs pays occidentaux à restreindre l'accès de Huawei à leurs marchés pour la téléphonie de cinquième génération (5G).

Au-delà de l'augmentation des débits, cette nouvelle technologie réduit les délais de latence, permettant de nouveaux usages dans des domaines stratégiques tels que la voiture connectée, la télémedecine ou encore la ville intelligente.

UN FREIN POUR LES DÉPLOIEMENTS ?

Alors que les opérateurs français ont engagé des tests pour préparer son déploiement, le gouvernement veut élargir les types de matériels qu'il peut contrôler, jusque-là concentrés sur les coeurs de réseaux.

A partir du 1er février, les opérateurs devront solliciter un feu vert formel de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi) pour une série d'équipements matériels et logiciels jugés vulnérables au piratage ou à l'espionnage, dont les stations de base mobile.

"Cela va rendre extrêmement compliqué la réussite des engagements de couverture mobile qu'ont pris le gouvernement et les opérateurs en zone blanche", estime un connaisseur du secteur, redoutant que ce nouveau régime ne se transforme en usine à gaz nécessitant des centaines d'autorisations.

Dans l'Hexagone, Huawei équipe principalement les opérateurs Bouygues Telecom (Bouygues) et SFR, filiale d'Altice Europe.

L'opérateur historique Orange, dont l'Etat français est le principal actionnaire, travaille essentiellement de son côté avec les Européens Nokia et Ericsson et a exclu de faire appel à Huawei pour la 5G tandis que Free (Iliad) s'équipe avec Nokia.

(Edité par Bertrand Boucey)

Valeurs citées dans l'article : Altice Europe, Bouygues, Ericsson AB, Iliad, Nokia Oyj, Orange