Comme Moody's début avril, l'agence S&P estime que le fardeau de la dette du distributeur français reste élevé malgré d'importantes cessions d'actifs et que ses flux de trésorerie sont insuffisants.

S&P, qui a elle aussi une perspective négative sur la note de Casino, anticipe des cash flows toujours négatifs au cours des deux prochains exercices, en raison de ses besoins liés à des charges financières élevées, à ses dépenses d'investissement et aux dividendes à verser à sa maison-mère Rallye.

Moody's avait déjà abaissé la note de Casino à Ba3 le 2 avril pour cause de génération de trésorerie insuffisante et d'endettement toujours élevé de Rallye.

Avec Amazon, Casino dit vouloir "renforcer sa stratégie omnicanale", développer ses ventes en ligne et le trafic dans ses magasins.

D'ici la fin de l'année, des consignes 'Amazon lockers' vont être installées dans quelque 1.000 magasins Monoprix, Monop', Leader Price ou Spar, ainsi que dans les hypermarchés Géant, où le groupe déploie déjà des "corners" de sa filiale CDiscount, pour doper le trafic dans les magasins.

Interrogé sur le risque de concurrence directe entre CDiscount et Amazon dans les hypermarchés, un porte-parole de Casino a déclaré que les services étaient "complémentaires", les consignes d'Amazon étant limitées à des colis de 4,5 kilos.

Par ailleurs, environ 3.500 références de produits de marque Casino seront vendues sur le site Amazon.fr et sur l'application mobile du groupe américain, tandis que le service existant de livraison express de produits Monoprix, via Amazon Prime Now, sera étendu dans plusieurs grandes villes de province.

LE MARCHE SCEPTIQUE

Aucune indication sur les modalités financières de ces accords ou sur des objectifs de ventes n'a été donnée.

"De cette manière, le groupe Casino poursuit sa stratégie digitale en ajoutant un nouveau canal de distribution pour ses produits de marque propre", a souligné Casino.

Malgré cette annonce, le titre Casino cède du terrain (-0,4% à 37,90 euros) à 14h40 la Bourse de Paris, où le CAC 40 recule de 0,1%.

La valeur, qui avait plongé de 28% en 2018 et avait repris des couleurs début 2019 avant les résultats annuels du groupe, s'est à nouveau orientée à la baisse après des chiffres mal accueillis le 14 mars.

A son actuel niveau de cours, elle chute de 21% par rapport à un plus haut de 47,58 euros touché le 1er mars.

"Ces annonces ne changent pas le fond du problème pour Casino, qui reste celui de la génération de cash flow", commente un analyste pour qui "aucun partenariat de ce type déjà noué par Amazon avec d'autres acteurs en Europe ne n'est traduit par une réelle accélération des ventes".

Les investisseurs se focalisent sur la capacité de Casino à générer de la croissance et à dégager de la trésorerie de façon intrinsèque, sans l'aide de cessions de magasins déficitaires, et sur les conséquences des ventes de ses murs de magasins.

Le groupe qui bataille pour rassurer les investisseurs sur sa dette et a porté à 2,5 milliards d'euros son programme de cessions d'actifs, a annoncé lundi de nouvelles ventes de murs pour 470 millions d'euros.

Les analystes de Bernstein, Barclays ou Morgan Stanley estiment que ces cessions de murs et le coût des loyers qu'elles engendrent sont synonymes de fuite en avant et ne constituent pas une stratégie durable dans le temps. et

(Avec Matthieu Protard et Dominique Vidalon, édité par Catherine Mallebay-Vacqueur et Benoît Van Overstraeten)

par Pascale Denis