Cette intervention du fonds de Paul Singer, qui a révélé un investissement global d'environ 3,2 milliards de dollars dans AT&T, fait grimper le titre de l'opérateur télécoms de plus de 4% à 37,78 dollars après quasiment une heure d'échanges à Wall Street.

Elliott juge AT&T "fortement sous-évalué" et propose des pistes pour quasiment doubler son cours de Bourse, tout en laissant entendre qu'il pourrait réclamer des sièges au conseil d'administration.

Le fonds estime que l'opérateur pourrait atteindre une valeur de plus de 60 dollars par action d'ici fin 2021 s'il met en oeuvre ses préconisations.

"Malgré près de 600 jours écoulés entre la signature et la finalisation (et plus d'un an écoulé depuis cette dernière), AT&T n'a toujours pas exposé de raison stratégique claire expliquant pourquoi AT&T doit posséder Time Warner", écrit Elliott dans une lettre adressée au conseil d'administration de l'opérateur américain.

Avec Time Warner, AT&T a mis la main l'an dernier sur des fournisseurs de contenus comme HBO, CNN ou encore les studios Warner Bros, producteurs notamment des films "Batman" et "Harry Potter". L'opérateur a toutefois dû attendre plus de deux ans pour finaliser cette opération en raison d'un examen minutieux des autorités de la concurrence.

Ce rachat a même été critiqué par Donald Trump et le président américain s'est réjoui lundi sur Twitter de l'intervention d'Elliott, qu'il a invité à effectuer des changements chez CNN, cible récurrente de ses critiques pour sa couverture jugée partiale.

AT&T VA PRENDRE CONTACT AVEC ELLIOTT

Elliott, responsable de 38 milliards de dollars d'actifs, a déjà mené des campagnes en faveur de changements chez eBay, l'éditeur de logiciels SAP ou encore Telecom Italia. Il présente son investissement dans AT&T comme le plus important qu'il ait jamais réalisé.

AT&T a déclaré qu'il allait prendre contact avec Elliott et qu'il allait examiner son point de vue.

Elliott n'a pas précisé quels étaient les éléments négatifs qu'il percevait dans le rachat de Time Warner, censé permettre à AT&T de s'adapter aux bouleversements provoqués par Netflix, Google ou Amazon dans la production et la diffusion de contenus.

"AT&T peut débloquer une valeur importante en précisant son portefeuille d'actifs, en améliorant sa performance opérationnelle, en définissant des priorités claires et en renforçant sa direction et sa supervision", affirme le fonds.

Parmi les actifs susceptibles d'être vendus, Elliott cite les systèmes de sécurité domestique, DirecTV, les chaînes sportives régionales, CME, Sky Mexico, l'activité de télévision payante en Amérique latine ou encore les activités à Porto Rico.

L'opérateur devrait aussi charger un conseiller extérieur d'effectuer un audit de ses activités et de son organisation, avec l'objectif de se doter d'une structure plus efficace et plus réactive, poursuit Elliott.

AT&T a publié un chiffre d'affaires inférieur aux attentes sur cinq des huit derniers trimestres, montrent les données de Refinitiv.

D'après Elliott, un examen stratégique permettrait à AT&T de diminuer rapidement sa dette via des cessions d'actifs et d'améliorer son profil financier.

(Vibhuti Sharma et Supantha Mukherjee à Bangalore; Bertrand Boucey pour le service français)