L'indice Dow Jones a perdu 285,26 points, soit 1,08%, à 26.118,02 et le Standard & Poor's 500, plus large, a cédé 20,19 points, soit 0,69%, à 2.906,27.

Le Nasdaq Composite a reculé de 88,72 points, soit 1,11%, à 7.874,16.

Les marchés américains étaient restés fermés lundi pour le Labor Day, jour férié aux Etats-Unis, et n'avaient donc pas réagi à l'entrée en vigueur la veille de nouveaux droits de douane américains et chinois sur des dizaines de milliards de dollars de produits échangés entre les deux pays.

Orientée à la baisse dès l'ouverture, la tendance s'est accentuée après la publication de l'indice ISM manufacturier, tombé en août à 49,1. Un chiffre inférieur aux attentes (le consensus Reuters le donnait à 51,1) et surtout loin du seuil de 50 sous lequel il traduit une contraction de l'activité.

En baisse pour le cinquième mois consécutif, cet indicateur très surveillé est au plus bas depuis janvier 2016.

"L'ambiance était déjà mauvaise en début de séance et les chiffres plus faibles qu'attendu sur le secteur manufacturier n'ont fait qu'amplifier la tendance", explique Dave Mazza, directeur exécutif de la société de gestion d'actifs Direxion.

"On a désormais confirmation du fait que l'escalade dans la guerre commerciale s'est répercutée au secteur manufacturier américain tout comme au secteur manufacturier partout dans le monde."

Pour Randy Frederick, vice-président trading et dérivés de Charles Schwab, "les signaux (de récession) s'accumulent et cela en fait un de plus". Il juge donc "très réaliste" l'hypothèse d'un retournement de la conjoncture d'ici la fin 2020.

Selon le modèle de prévision de la Réserve fédérale d'Atlanta, la croissance du produit intérieur brut (PIB) américain devrait tomber à 1,7% en rythme annualisé sur juillet-septembre, après 2,0% au deuxième trimestre.

VALEURS

L'indice S&P des valeurs industrielles a cédé 1,42%, le repli le plus marqué au sein des 11 grands indices sectoriels S&P.

Celui des hautes technologies a cédé 1,26% tandis que le Philadelphia Semiconductor abandonnait 1,77%.

Les seuls secteurs en hausse sont les compartiments défensifs des produits de consommation courante (+0,51%), de l'immobilier (+1,31%) et des services aux collectivités ("utilities") (+1,75%).

Boeing a pesé sur le Dow, chutant de 2,66% après l'annonce vendredi par la Federal Aviation Administration (FAA) d'un report de plusieurs semaines du rapport des experts chargés de statuer sur la sécurité du 737 MAX, immobilisé depuis près de six mois.

Parmi les autres baisses marquantes du jour figurent celle des exploitants de casinos implantés à Macao, où les revenus du jeu ont baissé en août, comme Las Vegas Sands (-2,15%) ou MGM Resorts (-3,46%).

Les fabricants d'armes American Outdoor Brands (propriétaire de la marque Smith & Wesson) et Sturm Ruger ont cédé respectivement 4,49% et 0,59% après la décision de Walmart (+0,33%) de cesser de vendre des munitions pour armes de poing.

LA SÉANCE EN EUROPE

L'indice ISM américain a aussi favorisé le repli des marchés boursiers européens, tout comme l'incertitude persistante sur le Brexit.

À Paris, l'indice CAC 40 a reculé de 0,49% à 5.466,07 points. Le Footsie britannique, qui restait sur quatre séances consécutives de hausse grâce à la faiblesse de la livre, a perdu 0,19% et le Dax allemand 0,36%.

L'indice EuroStoxx 50 a cédé 0,34%, le FTSEurofirst 300 0,22% et le Stoxx 600 0,23% après avoir abandonné jusqu'à 0,7% en séance.

La baisse en zone euro s'est en effet atténuée après les informations de Reuters selon lesquelles la Banque centrale européenne (BCE) penche, en vue de la réunion de politique monétaire du 12 septembre, en faveur d'un ensemble de mesures de soutien incluant une baisse de taux.

TAUX

Le mauvais chiffre de l'indice ISM manufacturier a logiquement favorisé la baisse des rendements obligataires, sur la totalité des échéances.

En fin de séance, celui des Treasuries à dix ans perdait 3,4 points de base à 1,4708% après être revenu à 1,429%, son plus bas niveau depuis juillet 2016.

Le deux ans cédait quatre points à 1,464% et le 30 ans points un point à 1,9619%.

La baisse était plus marquée sur les échéances les plus courtes, favorisant une repentification de la courbe, dont le segment deux ans-dix ans n'est désormais plus inversé.

CHANGES

Le dollar était pratiquement inchangé au moment de la clôture de Wall Street face à un panier de devises de référence mais il a atteint en séance son plus haut niveau depuis mai 2017, profitant surtout d'un mouvement de recherche de sécurité face aux tensions commerciales et aux nouvelles turbulences du Brexit.

Ce dernier facteur a de nouveau favorisé la baisse de la livre sterling, qui a encore cédé du terrain au dollar et à l'euro.

La monnaie unique, elle, s'est stabilisée face au billet vert autour de 1,0970 après avoir atteint son plus bas niveau depuis mai 2017 à 1,0926 dollar en réaction aux informations de Reuters sur les débats au sein de la BCE.

PÉTROLE

Les cours du pétrole ont terminé en baisse marquée, le chiffre de l'indice ISM étant venu s'ajouter aux inquiétudes liées aux tensions commerciales internationales.

Le contrat octobre sur le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a perdu 1,16 dollar, soit 2,11%, à 53,94 dollars le baril.

L'échéance novembre sur le Brent a cédé 40 cents (-0,68%) à 58,26 dollars. A

(Avec Sinéad Carew à New York et Uday Sampath Kumar à Bangalore)

par Marc Angrand