Zurich (awp) - La reprise d'Osram Licht par AMS se précise. Le fabricant autrichien de capteurs, coté à la Bourse suisse, a signé un accord avec le spécialiste allemand de l'éclairage concernant l'opération. Le conseil d'administration de l'entreprise munichoise recommande désormais à ses actionnaires d'accepter l'offre publique d'achat du groupe basé à Unterpremstätten.

"Après d'intenses négociations, nous nous sommes mis d'accord sur de nombreuses conditions-cadres décisives pour l'avenir d'Osram et de nos employés", a déclaré Olaf Berlien, directeur général d'Osram Licht, cité dans le communiqué diffusé mardi. Ainsi les salariés des sites allemands sont protégés contre les licenciements liés à la fusion jusqu'à fin 2022.

AMS a pour sa part indiqué s'être engagé à conserver en l'état les sites allemands d'Osram Licht, groupe qui emploie au total quelque 23'500 salariés. L'accord concrétise aussi le maintien d'un 2e siège pour le groupe fusionné à Munich, lequel doit assumer la moitié des fonctions centrales de la nouvelle entreprise.

Les deux partenaires se sont également entendus sur le fait que la raison sociale du groupe né de la transaction reflète la "marque forte" que représente Osram. L'entreprise bavaroise note en outre qu'AMS soutient expressément la stratégie photonique d'Osram.

Observatrice indépendante

Afin d'assurer la mise en oeuvre de l'accord, Brigitte Ederer, ancienne membre du directoire de Siemens et ex-présidente du conseil de surveillance des chemins de fer autrichiens ÖBB, a été nommée en tant qu'observatrice indépendante. Selon Osram, la transaction devrait être finalisée d'ici avril 2020.

N'étant parvenue à séduire les actionnaires d'Osram avec une première offre, AMS a présenté la semaine passée un nouvelle proposition au prix de 41 euros (44,57 francs suisses) par action de la firme munichoise. Cette dernière offre, dont le montant total se chiffre à 4,6 milliards d'euros, expire le 5 décembre. La firme d'outre-Rhin considère la proposition "équitable" et "attrayante" pour ses actionnaires.

L'offre représente une prime de 42% par rapport au cours de l'action Osram à 28,92 euros en date du 2 juillet. La société cotée à la Bourse suisse détient déjà 20% des titres Osram et a abaissé le seuil minimum d'acceptation à 55%. AMS a aussi retravaillé les aspects stratégiques de l'opération, le groupe autrichien renonçant désormais à la cession de la division numérique d'Osram. Les deux sociétés procéderont à une analyse des activités et du potentiel en matière de synergies.

Lourde perte pour Osram

Si l'opération a franchi un obstacle, il reste à voir si les assurances fournies en matière d'emploi et de sites seront à même d'apaiser les salariés d'Osram, alors que son comité d'entreprise a déposé plainte auprès de la cour d'appel provinciale (OLG) de Francfort contre le BaFin. Les représentants du personnel reprochent au gendarme allemand des marchés financiers d'avoir autorisé l'offre et ont demandé une ordonnance provisoire.

Alors qu'AMS a dû revoir sa copie pour tenter de s'emparer d'Osram, la transaction n'est pas dénuée des risques, note la Banque cantonale de Zurich, tout particulièrement au vu de l'opposition affichée par les salariés de la firme d'outre-Rhin.

Osram a achevé l'exercice 2018/19 dans le rouge, essuyant une perte nette de 405 millions d'euros, contre un bénéfice net de 127 millions douze mois auparavant. L'entreprise a notamment souffert de l'affaiblissement de la conjoncture, en particulier dans l'industrie automobile, ainsi que de la baisse de la demande pour les sources de lumière traditionnelles et de l'évolution défavorable de ses affaires dans les semi-conducteurs optiques.

Osram note cependant être parvenue à dépasser l'objectif fixé en matière d'économies, tout en reconnaissant nécessaires de nouvelles "adaptations structurelles". Celles-ci se solderont par des suppressions d'emplois supplémentaires. Alors que les discussions à ce titre sont en cours avec les parties concernées, la firme bavaroise ne fournit pas plus de détails.

Evoquant l'exercice en cours, Osram prévoit une certaine stabilisation de ses affaires. Le chiffre d'affaires, sur une base comparable, devrait se situer à un niveau correspondant aux 3,5 milliards d'euros dégagés sur l'année fiscale achevée fin septembre. Le groupe évoque une fourchette allant d'un repli de 3% à une progression de 3%, après avoir subi une chute de 13% sur 2018/19.

A la Bourse, l'action AMS a terminé en recul de 3,9% à 44,81 francs suisses, dans un SLI en hausse de 0,08%.

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