Zurich (awp) - Le fabricant autrichien de semi-conducteurs AMS, coté à la Bourse suisse, envisage à nouveau le rachat de l'allemand Osram Licht. Le marché a très mal accueilli cette deuxième tentative en raison d'incertitudes et de confusion entourant la transaction.

La dernière offre d'AMS reprend les mêmes conditions que la précédente datant de la mi-juillet, à savoir 38,50 euros par action, a annoncé le spécialiste des semi-conducteurs dimanche soir.

La semaine dernière, une offre concurrente à 35 euros par action, déposée par Bain Capital et le groupe Carlyle, avait été rejetée par le principal actionnaire de l'ancienne filiale de Siemens au motif qu'elle était trop basse.

Les analystes de Barclays soulignent la position confuse d'AMS. Son offre de la mi-juillet avait été annulée le lendemain. Une semaine après, la société exprimait à nouveau son intérêt lors de la publication de ses résultats trimestriels.

"Nous continuons à croire que cette acquisition n'est pas dans l'intérêt d'AMS", ont déclaré les experts de la banque d'affaires Liberum. Ils avancent comme explication son haut niveau d'endettement actuel.

Crédit

AMS a indiqué disposer des garanties financières nécessaires pour mener à bien la transaction. Les banques HSBC et UBS ont promis un crédit pont de 4,2 milliards d'euros, et le fabricant autrichien prévoit de procéder à une augmentation de capital afin d'engranger 1,5 milliard d'euros de fonds frais.

Alexander Everke, directeur général d'AMS, considère, à l'inverse de certains analystes, que la reprise d'Osram Licht est "extrêmement raisonnable", ainsi qu'il en a fait part lors d'une conférence téléphonique lundi.

La fusion des deux entités devrait offrir un grand potentiel de croissance à moyen terme, avec une marge Ebit ajustée de plus de 25%. M. Everke a souligné l'intérêt d'un nouveau modèle commercial diversifié qui permettrait d'équilibrer recettes et les flux de trésorerie en les rendant moins sensibles aux variations.

AMS n'entend pas conserver l'actuelle division "Activité numérique" d'Osram à l'issue de l'éventuelle reprise. Son intérêt porte sur les LED infrarouges et laser d'Osram dont AMS a l'utilité dans ses capteurs de proximité et modules de caméra 3D.

Le responsable d'AMS prévoit des gains de synergies de 300 millions d'euros par an et ce, dès la troisième année, et des coûts d'intégration non récurrents de l'ordre de 400 millions.

Les analystes ont également relevé que dans les conditions actuelles, la situation est bloquée. En effet, l'offre d'AMS est conditionnée à l'annulation de l'accord de "cessez-le-feu" conclu avec Osram Licht début juin qui interdisait à AMS de présenter une nouvelle offre avant douze mois. Everke envisage toutefois une issue positive à cet état de fait.

AMS affirme encore que l'opération prévue est conforme à son modèle financier. "Notre offre est financièrement sûre et prévoit également la création de nouveaux emplois en Allemagne", a déclaré le directeur général d'AMS.

A la Bourse suisse, l'action AMS a chuté de plus de 11,8% à 43,27 francs suisses, dans un SLI en repli de 0,11%.

A la Bourse allemande, l'action Osram a gagné près de 3,3% à 34,92 euros, une valeur encore bien en deçà des 38,50 euros offerts par AMS dans le cadre du rachat.

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