Vers 10h00 GMT, l'action AB InBev chutait de 9,36% à 65,59 euros à Bruxelles, accusant le deuxième plus forte baisse de l'indice EuroFirst 300 et tirant vers l'indice regroupant les valeurs agro-alimentaires européennes (-1,06%).

Cela porte à plus de 29% les pertes de l'action AB InBev depuis le début de l'année après un recul de 7,4% en 2017 contre respectivement -5,8% et +10,4% pour l'indice sectoriel.

Le groupe belge, fabricant des bières Budweiser, Stella Artois et Corona, a précisé qu'il verserait un dividende total de 1,80 euro par action pour l'exercice 2018, soit la moitié du montant de l'année dernière.

Cela lui permettra d'économiser environ quatre milliards de dollars qui serviront à rembourser une partie de sa dette qui s'élève à 108,8 milliards de dollars (95,3 milliards d'euros) à la suite du rachat en 2016 de SABMiller pour quelque 100 milliards de dollars.

"Au cours des six derniers mois, nous avons constaté beaucoup de volatilité (sur les effets de change). Cela entraîne une certaine incertitude et à un moment donné (...) nous avons pensé que le moment était bien choisi pour ajuster le dividende", a déclaré Felipe Dutra, le directeur financier du groupe.

Le brasseur estime qu'il pourra renouer avec la croissance du dividende dans un an ou deux, tout en soulignant que celle-ci sera modeste à court terme en raison du poids de la dette.

Le bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciations et amortissements (Ebitda) à périmètre comparable a progressé de 7,5% à 5,36 milliards de dollars au troisième trimestre. Le consensus Reuters tablait sur 5,71 milliards de dollars. Le bénéfice par action s'est établi lui à 0,82 dollar, contre un consensus à 1,03 dollar.

"ZONE DE CONFORT"

Trevor Stirling, analyste chez Bernstein Research, estime que la réduction du dividende fait sens, car elle permettra sans doute à AB InBev de revenir fin 2019 dans une "zone de confort" où la dette représentera quatre fois l'Ebitda. Au premier semestre, ce ratio était de 4,87.

Aux Etats-Unis, premier marché d'AB InBev, le bénéfice a reculé sous le coup d'une hausse du coût des matières premières, essentiellement celui de l'aluminium.

Les ventes de bières en volume ont également baissé, mais le chiffre d'affaires a été soutenu par la hausse des prix et la demande pour les marques haut de gamme.

Au Brésil, deuxième marché du brasseur belge, les ventes de bières ont aussi fléchi en raison de la dégradation de la confiance du consommateur sur fond de stagnation du pouvoir d'achat.

En Afrique du Sud, nouveau marché du groupe, le bénéfice a baissé, le prix des bières haut de gamme étant inaccessible à la plupart des consommateurs.

En Argentine, AB InBev a comptabilisé une charge liée à l'hyperinflation.

Mercredi, Carlsberg relevé sa prévision de bénéfice pour l'ensemble de l'année à la faveur notamment d'une météo particulièrement chaude cet été, qui s'est traduite par un bond de ses ventes en Europe au troisième trimestre.

Heineken a confirmé de son côté ses objectifs annuels après avoir enregistré au troisième trimestre une hausse de ses ventes de bière dans l'ensemble des régions du monde.

(Claude Chendjou pour le service français, édité par Benoit Van Overstraeten)

par Philip Blenkinsop

Valeurs citées dans l'article : Heineken, Carlsberg, Anheuser-Busch InBev