Un décret, signé mercredi par le président Donald Trump, interdit aux entreprises américaines d'utiliser du matériel de télécommunication fabriqué par des entreprises présentant un risque pour la sécurité nationale.

Il demeure toujours interdit à Huawei de se procurer des composants et des pièces électroniques pour fabriquer de nouveaux produits sans recevoir une autorisation préalable de l'administration américaine - que celle-ci devrait vraisemblablement refuser le cas échéant.

Mais le délai accordé vise à donner du temps aux opérateurs télécoms utilisant du matériel Huawei pour trouver des solutions alternatives, a déclaré le secrétaire au Commerce, Wilbur Ross, dans un communiqué.

"En bref, cette autorisation permettra aux propriétaires de téléphones mobiles Huawei de continuer à les utiliser et aux réseaux à haut débit dans les zones rurales à fonctionner", a-t-il ajouté.

Les fabricants de semi-conducteurs en Europe, qui avaient souffert lundi, reprenaient de la vigueur mardi après l'annonce de cet assouplissement des restrictions. Vers 12h00 GMT, le suisse AMS gagnait plus de 4% et, à Paris, STMicro avançait de 4%. L'indice Stoxx de la technologie progressait lui de 1,95%.

Le fondateur de Huawei, Ren Zhengfei, a déclaré que la décision américaine avait peu de signification pour la firme, qui s'était préparée à faire face aux restrictions imposées par les Etats-Unis.

L'administration américaine sous-estime les capacités de Huawei, a-t-il ajouté dans un entretien à la chaîne de télévision publique chinoise CCTV.

OMNIPRÉSENT

Cette autorisation temporaire suggère que des modifications apportées dans la chaîne d'approvisionnement de Huawei pourraient avoir des conséquences immédiates, lourdes et non prévues pour ses clients.

"L'objectif semble être d'empêcher les systèmes internet, les ordinateurs et les téléphones cellulaires de tomber en panne", souligne Kevin Wolf, ex-responsable du département du Commerce.

Ce sursis semble également destiné aux opérateurs dans les pays où les équipements de Huawei sont omniprésents, commente Douglas Jacobson, avocat spécialisé en droit commercial.

Le département du Commerce a indiqué qu'il étudierait la possibilité de prolonger ou non ce délai au-delà de 90 jours.

Il a par ailleurs annoncé jeudi le placement de Huawei et de 68 autres entités sur une liste noire - nommée "Liste des entités" -, qui va contraindre le groupe télécoms chinois à demander une dérogation pour acheter des pièces et composants électroniques aux sociétés américaines.

Reuters a rapporté dimanche que Google, filiale d'Alphabet, ne fournirait plus de logiciel, de matériel informatique et de service technique à Huawei à l'exception des services disponibles en open source.

La licence temporaire, annoncée lundi, permettra probablement à des entreprises telles que le géant d'internet de continuer à fournir un service et une assistance, y compris des mises à jour logicielles ou des correctifs, aux smartphones Huawei vendus au plus tard le 16 mai.

Google n'était pas joignable pour une demande de commentaire sur cette autorisation.

Cette licence permet également à Huawei de développer des normes pour les réseaux de télécommunication de cinquième génération (5G).

Huawei a déclaré lundi qu'il allait continuer à fournir des mises à jour et services après-vente à tous les smartphones et tablettes de ses marques Huawei et Honor.

(Karen Freifeld à New York et David Shepardson à Washington, avec Diane Bartz à Washington; Jean-Stéphane Brosse, Jean Terzian et Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Benoit Van Overstraeten)

par Karen Freifeld, David Shepardson et Brenda Goh