Dans les premiers échanges, l'action du groupe américain décroche de 8,72% à 144,13 dollars, accusant sa plus forte baisse en séance depuis près de six ans. Le titre retombe ainsi à un plus bas depuis juillet 2017.

La marque à la pomme a pris mercredi la décision d'abaisser sa prévision de chiffre d'affaires trimestriel, son directeur général Tim Cook mettant en cause le ralentissement des ventes d'iPhone en Chine, dont l'économie souffre des incertitudes liées aux tensions commerciales avec les Etats-Unis.

Apple prévoit désormais pour son premier trimestre (octobre à décembre) un chiffre d'affaires de 84 milliards de dollars (74 milliards d'euros), contre une prévision initiale de 89 à 93 milliards de dollars. Le consensus des analystes est de 91,5 milliards de dollars, selon des données IBES de Refinitiv.

C'est la première fois depuis le lancement de l'iPhone en 2007 qu'Apple émet un avertissement sur son chiffre d'affaires avant la publication de ses comptes trimestriels.

Si cet avertissement ne constitue pas complètement une surprise pour les analystes couvrant la valeur, l'ampleur de la révision est plus importante qu'anticipé.

Les analystes de Jefferies ont ainsi abaissé leur recommandation à "conserver" contre "achat", observant que la prévision de vente pour les iPhone est bien inférieure au consensus.

"Apple n'a pas raté une seule fois ses objectifs depuis des années, l'ampleur de cet avertissement suggère qu'il évolue en territoire inconnu", écrivent-ils, disant attendre plus de clarté sur les perspectives du groupe.

Ils estiment désormais à 185 millions le nombre d'iPhone qui seraient vendus en 2019, en recul de 10% par rapport à la précédente prévision qu'ils avaient déjà révisée en baisse il y a deux semaines.

"Si nous avons vu juste, cela marquerait la première fois depuis 2015 qu'Apple vend moins de 200 millions d'iPhone".

L'ACTIVITÉ DES SERVICES EN SOUTIEN?

Les analystes de RBC ont pour leur part confirmé leur recommandation à "surperformer", en abaissant néanmoins leur objectif de cours à 185 dollars contre 220 dollars.

Ils soulignent notamment que les performances du groupe dans l'activité de services restent solides et estiment que la baisse du titre jeudi devrait le rapprocher d'un seuil de soutien attractif à 140 dollars.

De la même façon, les analystes d'UBS ont maintenu leur recommandation à "achat" mais abaissé leur objectif de cours à 180 dollars contre 210 dollars.

Ils mettent eux aussi en avant la performance supérieure à leurs attentes de la branche services, qui devrait croître de 20% en 2019.

"Apple pourrait obtenir un multiple plus élevé une fois que les investisseurs commenceront à regarder au-delà de la faiblesse de l'iPhone et que la publication de la marge dans les services mettra en lumière la récurrence des bénéfices".

Apple a indiqué mercredi soir que sa branche services avait généré un chiffre d'affaires de 10,8 milliards de dollars lors du premier trimestre, avec une croissance record dans toutes les régions.

Mais pour les analystes de Macquarie, les espoirs sur cette division pourraient être déçus. Ils disent craindre un ralentissement significatif de cette activité à partir du mois de mars, ce qui ne permettrait donc pas de compenser la faiblesse des ventes d'iPhone.

"Nous sommes en retard (clairement), mais nous ne pouvons plus recommander Apple. Les craintes sur l'iPhone ont été confirmées, les incertitudes sur l'ampleur et la durée des problèmes de l'iPhone vont perdurer, et la croissance dans les services est amenée à baisser significativement, en particulier dans les activités aux marges les plus élevées", écrivent-ils dans une note.

Une prudence partagée par leurs confrères de Bernstein qui observent que le chiffre d'affaires des services n'est pas aussi solide qu'il pourrait apparaître au premier regard, en raison d'un changement comptable.

La croissance de la base installée d'Apple semble avoir décéléré de façon significative au quatrième trimestre, notent-ils également.

Concernant les iPhone, les analystes de Bernstein s'étonnent que le groupe n'ait pas reconnu la possibilité que les prix actuels de ses smartphones soient "tout simplement trop élevés". Ils estiment aussi que le marché des smartphones haut-de-gamme est arrivé à maturité, ce qui pose une difficulté à long terme pour Apple.

Leur objectif de cours est revu à 160 dollars contre 210 dollars, avec un conseil inchangé à "performance de marché".

(Blandine Hénault, édité par Wilfrid Exbrayat)