Certains produits d'Apple, comme ses montres connectées et ses écouteurs sans fil, font partie de ceux fabriqués en Chine auxquels le président américain, Donald Trump, veut appliquer des droits de douane de 15% dès le 1er septembre et son produit phare, l'iPhone, risque d'être taxé à son tour le 15 décembre.

Peu d'entreprises américaines sont aussi étroitement liées à l'économie chinoise que le groupe californien: les usines de Hon Hai Precision Industry, Foxconn, Pegatron, Wistron et d'autres y emploient plusieurs centaines de milliers de personnes pour assembler les produits marqués de la pomme.

Des sous-traitants d'Apple ont certes installé ces dernières années des chaînes d'assemblage en Inde ou au Brésil mais les usines hors de Chine sont plus petites et en Inde comme au Brésil, elle ne servent qu'à répondre à la demande locale.

Les sous-traitants ont en outre implanté plus de nouveaux sites sur le sol chinois qu'en dehors. Foxconn, par exemple, est passé de 19 à 29 sites en Chine entre 2015 et 2019 et Pegatron de huit à 12 selon les données d'Apple.

Au-delà des sites d'assemblage, il faut prendre en compte tous les fournisseurs du groupe californien, qui lui vendent des puces, du verre, des boîtiers en aluminium, des câbles, des cartes mères et bien d'autres composants. Sur l'ensemble des sites de ses fournisseurs, la part de ceux installés en Chine est passée de 44,9% en 2015 à 47,6% en 2019.

Reuters a analysé les données publiées par Apple sur sa chaîne d'approvisionnement sur une période cinq ans. Elles concernent au total plus de 750 sites différents chaque année pour les 200 principaux fournisseurs du groupe en terme de coûts pour Apple (le groupe ne précise pas le montant qu'il verse à chacun).

Apple s'est refusé à tout commentaire sur l'analyse réalisée par Reuters.

LA CHINE DISPOSE D'ATOUTS DIFFICILES À TROUVER AILLEURS

Le groupe rencontrerait des difficultés s'il voulait réduire la part de la Chine dans la fabrication de ses produits car la concentration de ses fournisseurs dans le pays lui permet de les assembler par centaines de millions tout en limitant ses stocks à quelques jours, un facteur clé pour préserver sa trésorerie, l'un de ses principaux atouts aux yeux des investisseurs.

Il est en outre difficile de trouver d'autres pays assurant une main d'oeuvre disponible aussi abondante. Et même si le groupe parvient à assembler des produits en Inde ou au Vietnam, les volumes seront insuffisants pour répondre à la demande.

Hors de Chine,"il y a peu d'endroits dans le monde qui disposent des infrastructures pour produire 600.000 téléphones par jour", dit ainsi Dave Evans, directeur général de Fictiv, un cabinet de conseil en chaînes d'approvisionnement à San Francisco.

Apple a pour l'instant été épargné par la montée des droits de douane sur ses principaux produits et son PDG, Tim Cook, rencontre régulièrement Donald Trump.

Le groupe a souligné auprès de l'administration Trump qu'à ses yeux, les droits de douane se traduiraient par des hausses de prix payées par les consommateurs américains, mais il n'a pas formellement annoncé s'il répercuterait les tarifs douaniers en relevant ses prix de vente.

Pour les produits électroniques, le pays d'origine "officiel" est parfois celui où est fabriquée la carte mère, explique George R. Tuttle III, un avocat spécialiste des douanes.

Un tel principe pourrait permettre à des entreprises américaines de fabriquer leurs cartes mères ou d'autres composants hors de Chine tout en continuant d'y assembler leurs produits sans avoir à payer de droits de douane.

Apple n'a pour l'instant présenté aucun projet de cet ordre mais la filiale indienne de Foxconn, qui travaille aussi pour HMD, propriétaire des téléphones Nokia, et pour Xiaomi, a désormais les moyens de fabriquer des cartes mères en Inde, ont dit à Reuters deux sources du secteur l'an dernier.

(Marc Angrand pour le service français, édité par Jean-Michel Bélot)

par Stephen Nellis