La hausse des prix de détail annoncée la veille, et qui avait été plus forte que prévu en janvier, avait provoqué un bref mouvement baissier réflexe avant que la cote ne se reprenne.

La hausse des prix à la production s'est accélérée en janvier aux Etats-Unis, mais leur variation de +0,4% a été conforme aux attentes, ce qui a pu apaiser ceux qui redoutaient un élan inflationnistes.

Pourtant sa variation annuelle (+2,7%) a dépassé le consensus de 0,2 point et la hausse annuelle hors alimentation, énergie et services commerciaux est de 2,5%, la plus élevée depuis août 2014.

L'indice Dow Jones a gagné 306,88 points (1,23%) à 25.200,37 points. Le S&P-500 a pris 32,57 points (1,21%) à 2.731,20 points. Le Nasdaq Composite a avancé de 112,82 points (1,58%) à 7.256,43 points.

Les traders ont d'ailleurs subi une avalanche de statistiques en matinée, qui donnent une image contrastée de la conjoncture économique.

Les inscriptions hebdomadaires au chômage ont rebondi la semaine dernière aux Etats-Unis, tout en restant à des niveaux associés à une phase de resserrement du marché du travail.

Si l'indice "Empire State" mesurant l'activité manufacturière dans la région de New York a ralenti plus que prévu en février pour tomber à un plus bas depuis juillet, l'indice "Philly Fed", mesurant la croissance de l'activité économique dans le nord-est des Etats-Unis, a lui progressé de manière inattendue en février.

La production manufacturière a stagné aux Etats-Unis en janvier, pour un deuxième mois d'affilée, alors que les analystes l'attendaient en hausse, pénalisée notamment par un recul dans les industries aéronautique et agroalimentaire et dans le secteur des plastiques.

Enfin, l'indice de confiance des professionnels du secteur de l'immobilier est resté stable à 72 en février, conformément aux attentes, selon l'enquête de la fédération professionnelle NAHB publiée jeudi.

"L'élan s'appuie sur le fait qu'on se rend compte que la saison des résultats reste la meilleure qu'on ait eu depuis 2009", a dit Peter Kenny (Global Markets Advisory Group). "Il y aura encore des répliques sur le marché mais elles deviendront peu à peu moins marquées".

Faisant suite à toute une série de révisions à la hausse des prévisions des entreprises ces dernières semaines, les analystes estiment dorénavant que les sociétés du S&P-500 augmenteront leur bénéfice par action de 18,9% en 2018, selon Thomson Reuters I/B/E/S.

"Nous sommes stabilisés pour le moment; il fallait surtout voir comment le marché réagirait au CPI (indice des prix de détail) et au PPI (indice des prix à la production); il semble avoir accepté sans broncher plus que cela une inflation en hausse", a déclaré de son côté Brad McMillan (Commonwealth Financial Network).

Apple a gagné 3,4%, principal contributeur à la hausse du S&P-500, Berkshire Hathaway ayant annoncé mercredi soir avoir porté sa participation à 23,3%, ce qui fait du groupe à la pomme son principal investissement.

Cisco a pris 4,7%, après avoir publié mercredi des résultats trimestriels meilleurs que prévu, avec notamment la première hausse en plus de deux ans de son chiffre d'affaires.

Le volume a été de 7,12 milliards de titres échangés, en deçà de la moyenne de 8,46 milliards des 20 dernières séances.

PAUSE DES RENDEMENTS; LE DOLLAR FAIT LA TÊTE

La décrue des rendements obligataires observée ce jeudi n'est peut-être que partie remise. Les traders ont marqué une pause pour ajuster leurs positions en vue de plus de volatilité liée à l'inflation, ce qui pourrait porter les rendements encore plus haut.

Au point de vue volatilité, l'indice du CBOE qui la mesure a fini en baisse de 0,7% à 19,13 ce jeudi. Il culminait à 50,3 le 5 février.

"Lorsqu'on a abordé cette année, l'hypothèse de quatre hausses des taux (de la part de la Réserve fédérale) était courrue mais ne formait pas consensus. Aujourd'hui, c'est presque le consensus", a dit Jim Vogel (FTN Financial).

Le rendement de l'emprunt à 10 ans a inscrit un nouveau pic de plus de quatre ans de 2,944% avant de rétrograder à 2,896% contre 2,913% mercredi soir. Il conserve un gain de près de 0,5 point depuis le début de l'année.

Le rendement à deux ans, le plus sensible aux fluctuations de taux, a également rebroussé chemin par rapport à son pic de plus de neuf ans de 2,213%. Il était à 2,184% en fin de journée contre 2,172% la veille.

Le dollar a pour sa part fléchi sur un large front, inscrivant un nouveau plus bas de 15 mois contre le yen de 106,03 en fin de journée, même si les rendements obligataires restent tendus, en dépit de leur pause d'aujourd'hui.

Il a également inscrit un plancher de trois semaines de 88,546 face à un panier de devises de référence.

Les analystes donnent diverses explications pour expliquer la morosité du billet vert mais la plupart conviennent qu'elle risque de durer.

"Le marché des changes passe d'un thème à l'autre en permanence. Le thème en vogue c'est la croissance mondiale et une forte croissance mondiale ça veut dire par principe un dollar affaibli", a dit Greg Anderson (BMO Capital Markets).

Le dollar joue un rôle primordial dans le financement de la croissance mondiale. Lorsque les entreprises empruntent du dollar pour financer leurs investissements en dehors des Etats-Unis, l'offre de dollar augmente. Une fois les fonds investis, la transaction de change prioritaire consiste à vendre du dollar en échange de la monnaie locale. L'augmentation de l'offre suivie de cette vente font baisser le dollar.

Le bitcoin lui est revenu au-dessus des 10.000 dollars, pour la première fois depuis plus de deux semaines, grâce à des rachats à bon compte sur une crypto-monnaie qui a chuté de 70% par rapport à son record tout juste inférieur aux 20.000 dollars inscrit le 17 décembre.

Thomas Lee (Fundstrat Global Advisors) voit un nouveau record pour le bitcoin d'ici juillet, sur la base des 22 corrections de la monnaie depuis 2010.

(Avec Sruthi Shankar et Aparajita Saxena à BangaloreGertrude Chavez-Dreyfuss et Kate Duguid)

par Noel Randewich

Valeurs citées dans l'article : Apple, Cisco Systems